par Suzanne Hutchins, Gérante chez Newton IM (BNY Mellon Investment Management)
Le second semestre apportera sûrement de nouvelles vagues de volatilité. Les marchés et les économies continueront à être sujets à des flux d'information réguliers autour du Covid-19 et l'intervention de l'État continuera à jouer un rôle clé dans le soutien des économies du monde entier.
L'ensemble des mesures de relance budgétaire et monétaire déployées par les gouvernements et les banques centrales à l'échelle mondiale a sans aucun doute contribué à soutenir les actifs à risque. Les investisseurs commencent également à attendre une certaine normalisation économique alors qu’une partie du monde entame le déconfinement. L’expérience des pays d'Asie et d'Australasie démontre qu’une politique de déconfinement peut être mené à bien sans pour autant voir le taux d’infection repartir à la hausse.
Les actifs « refuge » continueront de faire parler d’eux car les investisseurs en recherchent, comme par exemple le dollar américain en période de stress économique. Toutefois, les investisseurs en devises étrangères doivent être prudents car les principales devises du monde se disputent actuellement le titre de la devise la plus faible pour stimuler la compétitivité nationale à l’échelle globale. C'est pourquoi nous préférons investir dans l'or, car il présente l'attrait d'un actif réel qui ne peut être manipulé ou dévalué.
Le retour de l’État
En période de stress, l'intervention étatique devient centrale pour les économies et si l'on en croit ce que nous avons vu au cours du premier semestre de cette année, il serait raisonnable de s'attendre à voir la mise en place de nouvelles politiques monétaires et fiscales à grande échelle de la part des gouvernements du monde entier.
L'engagement simultané des banques centrales à racheter la dette publique et l'action des gouvernements pour orienter les dépenses budgétaires vers le soutien des revenus des ménages et des entreprises ont été nécessaires. Le danger est que cela crée ensuite une pression inflationniste. Au-delà des effets à court terme, si les nouvelles politiques monétaires créent une dynamique inflationniste, les investisseurs pourraient alors être confrontés à une perspective très différente de celle qu'ils ont connue au cours des trois dernières décennies.
Bien qu’une grande partie du monde ait été confinée et qu'elle soit maintenant en phase de déconfinement, la dynamique générale de la politique mondiale est restée inchangée. Pour la plus grande économie du monde, cela signifie que la campagne électorale américaine bat son plein. Pour le Royaume-Uni, les négociations autour du Brexit sont en cours, malgré le peu de temps d’antenne que les médias leur accordent. Les investisseurs devraient continuer à s'intéresser à la politique américaine, car les marchés américains pourraient être impactés par l’évolution des sondages en vue de la présidentielle. Historiquement, les élections américaines ont exagéré et accentué la volatilité des prix, et nous ne nous attendons pas à ce que cela soit différent cette année. Au Royaume-Uni, le Brexit pourrait porter un coup supplémentaire à l’économie un moment où celle-ci est déjà fragile.
Quelles opportunités pour second semestre 2020
Le Covid-19 continuera à avoir un impact sur les marchés alors que nous entrons dans le second semestre. C'est pourquoi, à court et à long terme, les investisseurs devraient se concentrer sur les secteurs qui sont moins susceptibles d'être impactés par les mesures de confinement et le cycle économique. Les principales entreprises technologiques américaines, connues sous l’acronyme des "FAANG", ont très bien vécu la crise et valaient deux fois plus que l'ensemble du FTSE 100 à la fin mai 2020 ! Ces entreprises sont généralement riches en liquidités et n'ont donc pas de problèmes de bilan. La nature de leurs activités leur a permis de gagner des parts de marché par rapport aux modèles commerciaux plus traditionnels. Elles ont donc non seulement relativement bien résisté à la tempête, mais ont également été à l'avant-garde du rallye boursier qui s’en est suivi.
Il est probable que des ressources accrues seront déployées pour les produits pharmaceutiques destinés à soigner des maladies telles que le Covid-19, mais les investisseurs devraient se concentrer sur les entreprises de qualité qui mènent la danse en termes d'innovation, car cela constituera un facteur de différenciation essentiel. Les investisseurs plus axés sur le secteur de la consommation pourraient envisager d'investir dans des marques bien établies.
Alors que les cours de bourse des secteurs les plus cycliques de l'économie, tels que les compagnies aériennes, les hôtels et les restaurants, ont été plus déprimés en raison de l'impact direct du confinement, il est probable qu'il y aura un certain "rattrapage", car le marché se tournera vers ces marques qui ne sont plus en vogue, à mesure que l'économie se redressera. Nous ferons preuve de prudence et n'investirons que dans les entreprises qui survivront à la crise de l'après-Covid et dans celles qui présentent des fondamentaux solides ainsi qu’une bonne santé financière.
Au-delà de 2020
Le confinement économique et social provoqué par le covid-19 a amené certains investisseurs à réfléchir à la nécessité d'un avenir plus durable. Les plans de relance massifs annoncés par les gouvernements, y compris une augmentation probablement importante des dépenses d'infrastructure, représenteront un vent favorable pour le segment « vert » du marché, en particulier pour les projets écologiques qui devraient entraîner une nouvelle croissance du marché des obligations vertes à mesure que les financements seront apportés.
Les excès de crédit dans le monde, notamment en Chine, nous préoccupent, d'autant plus que l'effet de levier s'est considérablement accru et s'est étendu à des domaines tels que le « shadow banking » (ou « la finance de l’ombre »), qui sont par nature opaques et moins strictement réglementés. Cela dit, les marchés émergents seront finalement les grands bénéficiaires à long terme, surtout si le dollar américain poursuit sa dégringolade. Cela devrait favoriser les conditions de liquidité là où la richesse mondiale croît le plus rapidement, à savoir là où les investisseurs sont susceptibles d'être le mieux récompensés.