par Michaël Fay, Directeur des gestions diversifiées chez OFI AM
L’utilisation de fonds smart beta se développe chez les investisseurs, notamment institutionnels. Ces solutions d’investissement présentent en effet plusieurs avantages en se positionnant à mi – chemin des ETF indiciels et de la gestion active.
Dans un contexte où certains gérants actifs ont des difficultés à surperformer leur indice de référence, beaucoup d’investisseurs, notamment institutionnels, se sont tournés au cours des dernières années vers le marché des ETF indiciels pour s’assurer une réplication à moindre coût des performances boursières. Malgré des avantages indéniables, ces ETF présentent certaines limites.
Un ETF indiciel a pour seul but de répliquer un indice boursier donné. Or, la plupart des indices boursiers sont pondérés par la capitalisation boursière des entreprises qui le composent, et sont donc naturellement sujets à des biais, entres autres sectoriels, de concentration, de capitalisation. Les ETF indiciels ne permettent pas de corriger ces biais, c e qui peut aboutir à une allocation inefficiente du risque dans un portefeuille, par exemple une surexposition aux valeurs de croissance ou cycliques, à celles ayant un moindre beta, ou encore aux valeurs ayant le plus performé au sein de l’indice.
Selon les besoins : Smart Beta « monofactoriel » ou « multistratégies »
L’un des intérêts du smart beta est justement de donner la possibilité aux investisseurs de rééquilibrer ces biais. Par exemple, si un investisseur se rend compte que son portefeuille est surexposé aux valeurs de croissance, il peut y intégrer un fonds smart beta « value » qui va lui permettre de rééquilibrer son exposition sans avoir à toucher aux autres lignes de son portefeuille. Dans la même logique, pour abaisser la volatilité de son portefeuille, un investisseur pourra y intégrer un fonds smart beta « low volatility » qui répondra à ce besoin.
Ces fonds smart beta sont dits « monofactoriels », c’est – à – dire qu’ils ne se concentrent que sur un seul facteur de risque. Ce sont, de notre point de vue, des fonds adaptés pour rééquilibrer certains risques spécifiques dans un portefeuille. Il est également possible d’investir dans des fonds smart beta « multistratégies » qui intègrent des stratégies complémentaires et constituent des solutions d’investissement à part entière.
De manière très simple, un fonds smart beta « multistratégies » peut par exemple jouer le même rôle qu’un ETF indiciel, mais en intégrant une ou des stratégies de gestion du risque dans son processus d’investissement. Par exemple, il peut pondérer chaque secteur en fonction de son risque marginal : chaque secteur contribuera ainsi de manière égale au risque global au sein du fonds ; puis, équipondérer les entreprises secteur par secteur qui les composent au lieu de le faire par la capitalisation boursière. Historiquement, cette stratégie a offert des performances supérieures et moins volatiles par rapport à celles des ETF indiciels, en étant plus résiliente dans les phases de baisse, tout en étant capable de capter la dynamique des marchés lors des phases de hausse.
Le smart beta peut intégrer des critères ISR
Même s i le processus de gestion des smart beta est automatisé, il est néanmoins possible d’intégrer une approche discrétionnaire de conviction en prenant en compte des critères issus de l’analyse fondamentale de sociétés, notamment des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).
Le fait de mêler approche quantitative et approche ISR au sein d’un même fonds smart beta peut se révéler créateur de valeur à long terme. Dans notre exemple de processus précédent, l’équipondération des entreprises, dans un même secteur, bénéficiant des meilleures notes ISR issues d’une analyse extra – financière (et non plus l’ensemble des entreprises composant le secteur) ont en effet tendance à améliorer les résultats déjà supérieurs à la moyenne du marché à long terme.
Une gestion mi-passive, mi-active, à moindre coût
Ainsi, le smart beta permet de bénéficier à la fois des faibles coûts d’une gestion automatisée, sans pour autant se priver de l’alpha dégagé par une gestion active de conviction. Le smart beta n’est donc p as concurrent de la gestion active, mais complémentaire car il offre une nouvelle approche de gestion.
Avec des frais de gestion certes plus élevés que ceux d’un simple ETF, mais globalement plus faibles que ceux d’un fonds géré de manière active, il y a f ort à parier que les fonds smart beta continueront dans les prochaines années à trouver leur place au sein de l’allocation d’actif des investisseurs.