par César Perez Ruiz, Directeur des investissements chez Pictet Wealth Management
L’année 2017 touchant à sa fin, il est l’heure de dresser le bilan des marchés financiers. Conformément à notre scénario de base, le contexte s’est souvent révélé favorable au risque et, sauf surprise de dernière minute, la majorité des classes d’actifs devraient terminer en territoire positif.
Soutenues par la dynamique économique, la croissance des résultats et les politiques conciliantes des banques centrales, les places boursières ont profité d’une année porteuse (+16% pour le MSCI World en dollars US à la mi-novembre). Nous avons donc eu raison de surpondérer les actions des marchés développés, avec une préférence marquée pour la zone euro et le Japon. Les valeurs européennes ont profité du rebond généralisé de l’activité dans l’Union monétaire et de l’atténuation du risque politique en cours d’année (notamment après la défaite de Marine Le Pen aux élections présidentielles françaises de mai), malgré l’impasse des négociations sur le Brexit (la sous-pondération des actions britanniques s’est donc révélée judicieuse) et la récente crise en Catalogne. Au Japon, l’économie comme les actions ont bénéficié des Abenomics et d’une politique monétaire ultra-accommodante. Et, avec la victoire du Premier ministre Shinzo Abe lors des élections législatives anticipées, le pays n’est pas près de changer de cap.
Autre idée bien avisée: la position neutre en valeurs américaines. Même si l’économie du pays reste robuste, les dysfonctionnements politiques à Washington et l’absence de progrès sur le front des réformes fiscales ont fini par avoir raison de l’enthousiasme qu’avait déclenché, chez les investisseurs et les entreprises, l’élection de Donald Trump en novembre 2016.
Au niveau obligataire, nous avions une préférence pour la dette d’entreprise et nous avons profité de la compression progressive des spreads au cours de l’année. Mais ces derniers semblant désormais minimes, nous avons pris une partie de nos bénéfices sur le haut rendement au second semestre. Ce sont peut-être les rendements des bons du Trésor américain qui ont réservé la plus grande surprise cette année: ils n’ont pas réussi à progresser et, à 2,3% mi-novembre, le taux à 10 ans était même légèrement inférieur à son niveau de janvier. La raison? Une inflation étonnamment basse à ce stade du cycle économique, reflet possible d’une évolution structurelle de l’économie. A l’inverse, les rendements souverains ont légèrement progressé en Europe, où nous avons sous-pondéré les obligations d’Etat.
De leur côté, les actifs émergents ont connu une excellente année: la croissance chinoise est restée vigoureuse, les cours des matières premières ont rebondi au second semestre, la relance budgétaire n’est pas intervenue aux Etats-Unis et le durcissement de la Fed s’avère plus que progressif. Nous avons parié sur les marchés émergents par le biais de la dette en devises. Cependant, il s’est avéré difficile de trouver le moment propice pour se positionner de manière tactique face à la dette émergente, même si elle recèle des opportunités.
Comme prévu, la gestion active a eu le vent en poupe. La majorité des stratégies de hedge funds ont enregistré de belles performances, la corrélation entre les classes d’actifs reculant et l’envolée des fusions-acquisitions (conséquence d’un regain d’optimisme des entreprises) créant des opportunités.
Des signes de tension sont toutefois apparus, notamment sur les marchés des devises. La dépréciation inattendue du dollar a donné du fil à retordre à nombre d’investisseurs et son récent rebond semble toucher à sa fin. La volatilité est restée historiquement basse mais, compte tenu de la montée en puissance des menaces géopolitiques, nous avons jugé pertinent de se protéger par le biais d’options de vente sur les actions ou d’options d’achat sur l’or pendant la majeure partie de l’année.
L’année prochaine devrait s’inscrire dans la même veine, à minima au premier semestre. Neuf ans après, le rallye des actions développées a atteint sa maturité et les valorisations sont élevées, mais les fondamentaux offrent encore un soutien important à leur progression. Nous restons donc acheteurs au niveau des actions. Le retrait progressif des liquidités apportées par les banques centrales devra être suivi de près, même si le choix de Jerome Powell pour succéder à Janet Yellen à la tête de la Fed nous conforte dans l’idée que l’orientation générale des politiques restera accommodante. Le risque politique continuera aussi de marquer l’actualité: des élections sont prévues au Mexique et au Brésil par exemple, tandis que le Moyen-Orient et la Corée du Nord restent source d’inquiétudes. Nous suivrons de près l’évolution de la volatilité, qui pourrait bien repartir à la hausse depuis un niveau actuel très bas.