par Emmanuel Auboyneau et Xavier d’Ornellas, Gérants associés chez Amplegest
La hausse des indices s’appuie sur un contexte macroéconomique favorable. Il n’y a pas d’excès ou de bulles préoccupantes à déplorer sur les marchés à court terme.
Mois après mois, le constat d’une croissance mondiale solide et synchronisée devient de plus en plus évident. Les risques régulièrement évoqués, fin du cycle américain, explosion de la bulle chinoise, déséquilibres européens, déflation japonaise, n’y font rien : l’activité mondiale progresse à un rythme soutenu.
Une des erreurs les plus couramment commises consiste à prédire l’imminence d’une récession aux Etats-Unis en raison de la durée importante du cycle de croissance actuel. Prenant en considération le temps moyen des cycles dans l’histoire contemporaine de l’Amérique, beaucoup d’économistes jugent que la période de croissance que nous vivons dépasse largement les standards et qu’elle ne saurait continuer. Or, un cycle ne meurt pas de sa durée, il meurt de ses excès, quels qu’ils soient. A ce jour, il n’y a pas d’excès, ou de bulles préoccupantes.
La consommation est forte, l’investissement est reparti et la confiance est au plus haut, en dépit des derniers aléas climatiques. Le secteur technologique/digital est également un vecteur important de croissance que l’on a du mal à appréhender dans les statistiques. La politique monétaire est aujourd’hui moins accommodante et les taux vont poursuivre leur remontée maîtrisée. L’inflation tangente aujourd’hui les objectifs de 2% fixés par la banque centrale. Il n’y a, à ce jour, pas de raison d’être pessimistes sur l’économie américaine.
En Europe, le retournement de tendance est plus récent (à l’exception de l’Allemagne) mais le même scepticisme l’a accompagné, seuls les chiffres réels parvenant à amoindrir ce sentiment. La croissance européenne dépasse les prévisions et redonne du souffle à la zone. La prochaine étape pour consolider et renforcer cette reprise sera la relance de l’investissement, que nous attendons en raison du sentiment nettement plus positif des agents économiques. L’inflation repart très lentement sur notre continent et nous maintenons notre prévision d’un taux de 2% d’ici à six mois. La BCE maintient son cap très accommodant à court terme même si, petit à petit, elle va diminuer ses injections de liquidités. L’horizon est toujours dégagé. Des constats similaires peuvent être faits au Japon, pendant que la Chine surprend par sa capacité à résister, alors que son modèle économique se transforme, et que son essor technologique concurrence celui des Etats- Unis.
L’euphorie est toutefois mauvaise conseillère. Il faut donc garder une distance critique face à ce constat très optimiste. Tous les problèmes ne sont pas réglés, à commencer par l’endettement qui reste une épée de Damoclès pour la plupart des grands pays industrialisés. Mais cette distance ne doit pas nous empêcher de nous réjouir d’une situation que très peu d’experts espéraient il y a à peine un an.
La même méfiance se retrouve sur les marchés actions. Certains ont, à juste titre, qualifié le « bull market » actuel comme le plus détesté de l’histoire (the longest most hated bull market in history). Il n’y a pas de consensus haussier sur les marchés depuis des années, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Les marchés sont bien valorisés, mais dans le même temps les bénéfices sont régulièrement révisés à la hausse, permettant la poursuite de la progression sans inflation des multiples. Les divergences sectorielles sont en revanche fortes, avec des perdants (distribution, publicité etc.) et des gagnants (technologiques, luxe etc.).
Nous conservons notre vision de début d’année et restons investis en actions, avec une préférence européenne. En 2018, il faudra analyser l’évolution des politiques monétaires pour définir notre grille d’allocation. En attendant, souvenons-nous de cette phrase de Marcel Proust : « l’audace réussit à ceux qui savent profiter des occasions ».