Les facteurs positifs l’emporteront dans le sillage de la poursuite de la reprise mondiale

par Hans Stoter, Chief Investment Officer chez ING Investment Management

Ces dernières semaines, les données économiques ont été plutôt décevantes, nous obligeant à reconnaître que l’incertitude relative aux perspectives cycliques avait augmenté. Nous traversons une période de stagnation de la croissance économique sans précédent et la reprise économique observée depuis le troisième trimestre de 2012 pourrait entrer dans une phase de consolidation.

Néanmoins, une combinaison de reprise cyclique mondiale, de renforcement de l’assouplissement monétaire et de glissement des liquidités non rémunératrices vers les actifs générant des revenus procure une impulsion sous-jacente positive pour les marchés. Comment ce mélange de vents favorables et contraires va-t-il influencer les marchés au cours des prochains mois et comment les investisseurs pourront-ils en profiter ?

Perspectives macroéconomiques

Nous pensons que les récents vents contraires finiront par se calmer et que les vents favorables l’emporteront. Les marchés sont rationnels à long terme et les anomalies de marché devraient finir par se résorber. Considérant les dénominateurs communs des mouvements des marchés dans le passé, nous pouvons identifier deux forces différentes. L’assouplissement de la politique monétaire a contribué à l’émergence d’un rebond. Les périodes de déclin ont, pour leur part, surtout résulté de la combinaison d’une recrudescence du risque politique ou d’erreurs politiques et de chocs exceptionnels. Nous sommes en présence de plusieurs vents favorables persistants, alors que les vents contraires semblent de courte durée maintenant que les banques centrales ont réduit le risque systémique.

Les trois plus grandes banques centrales ont toutes fait ce qu’elles devaient faire, chacune à leur façon. Leur intervention a donné une impulsion majeure à l’amélioration de la croissance économique mondiale. Jusqu’il y a peu, le Japon était resté à la traîne, avec aucun véritable changement de sa politique depuis 1990. Néanmoins, sa récente détermination à surmonter finalement la déflation devrait désormais soutenir le Japon et le reste du monde. Le facteur positif prépondérant est donc, une fois de plus, une modification de la politique monétaire, dans le cas présent au Japon. Celle-ci stimulera la demande domestique japonaise, alors que la dépréciation du yen résultant du changement de cap de la politique aiguillonnera également les exportations. Les effets de cette nouvelle politique se limiteront essentiellement au niveau régional dans un premier temps, mais la croissance de la liquidité mondiale, la demande finale et la croissance économique mondiale finiront aussi par en profiter.

De l’autre côté du globe, les États-Unis affichent des chiffres prometteurs tant au niveau de l’économie que des bénéfices des entreprises. Le marché immobilier et le marché du travail s’améliorent manifestement, tandis que l’on s’attend à une augmentation des investissements des entreprises. L’embellie est déjà visible au niveau de l’activité du secteur des services, qui se redresse. Pour l’instant, nous ne distinguons pas de signes suggérant un resserrement de la politique monétaire de la Fed afin de tempérer la croissance du marché américain, alors que l’effet du resserrement budgétaire demeure limité. Ceci confirme que les facteurs favorables l’emportent actuellement sur les facteurs négatifs.

Le contraste entre les développements favorables au Japon et aux États-Unis et l’évolution défavorable en Europe est plutôt marqué. La décision de la BCE de ne pas modifier sa politique a rappelé à maints investisseurs la façon dont le Japon avait l’habitude d’opérer avant le nouveau gouvernement.

Parallèlement, la complaisance des décideurs politiques européens rappelle aux investisseurs l’impasse budgétaire aux États-Unis. Néanmoins, des signes témoignant du manque de puissance des vents contraires sont également visibles sur le marché européen. La réaction des marchés face aux élections italiennes, par exemple, et à la crise à Chypre, en particulier, a été remarquablement modérée. Ceci peut être vu comme une indication de l’efficacité des mécanismes de liquidité en matière de réduction de la transmission des incertitudes politiques aux marchés financiers.

Enfin, en ce qui concerne les marchés émergents, nous constatons une détérioration des fondamentaux macroéconomiques et une diminution de la compétitivité. Néanmoins, ici aussi, les vents favorables l’emportent sur les vents contraires. Si les marchés continuent à anticiper un renforcement de l’assouplissement monétaire à l’échelle mondiale, les flux de capitaux vers les actifs au rendement supérieur, comme les obligations des marchés émergents, augmenteront à nouveau en dépit de la dégradation des perspectives de la croissance économique.

Il semble donc qu’il existe des opportunités attrayantes de répartition des actifs entre les régions. Les différences régionales résultant des différentes politiques menées et des divergences en matière de données économiques sont déjà visibles au niveau des performances des marchés et nous nous attendons à ce que ceci persiste. Au cours des prochains mois, la croissance de la demande finale sera essentiellement tirée par les États-Unis, le Japon et des pays émergents tels que la Chine, tandis que l’Europe restera à la traîne. Les investisseurs doivent tenir compte de ces divergences régionales lorsqu’ils construisent leur portefeuille.

Que rechercher?

En fonction de vos besoins et de vos objectifs, votre portefeuille doit privilégier soit la sécurité, les revenus ou l’appréciation du capital.

Les obligations d’État peuvent offrir une sécurité relative, mais il convient de regarder au-delà des ratings de crédit et de tenir également compte de la liquidité, du caractère durable de la dette, de l’influence des investisseurs étrangers et du sentiment du marché. La sécurité a un prix : les taux réels seront probablement négatifs, entraînant un risque de rendement négatif des marchés en cas de hausse des taux d’intérêt. Les taux à long terme sont cependant tributaires de l’inflation, de la croissance ainsi que de l’ampleur des hausses des taux à court terme. Tous ces éléments sont actuellement faibles et la probabilité d’une hausse substantielle des taux à moyen terme reste dès lors limitée.

Des opportunités de placement générant des revenus attrayants peuvent encore être trouvées, mais deviennent plus rares. Celles-ci se situent au sein des classes d’actifs et non au niveau des classes d’actifs mêmes. Alors que les rendements des obligations d’État et des liquidités sont faibles et que la population vieillissante préfère les revenus aux plus-values, les stratégies à dividende durable et à revenus fixes devraient gagner en importance en tant que sources de revenus.

Au niveau des actions, les valeurs à haut dividende offrent des revenus. Nous pensons que les dividendes sont relativement sûrs même dans un contexte de faible croissance (bénéficiaire). Le faible taux de distribution, les bilans sains et riches en cash et la solide génération de cash-flow n’y sont pas étrangers. Historiquement, les dividendes sont également moins volatils que les bénéfices. Il convient cependant de noter que les secteurs distribuant traditionnellement des dividendes élevés (finances, services aux collectivités et télécoms) ne procurent plus la même certitude en matière de dividende. La croissance du dividende est venue compléter le rendement du dividende en tant que facteur donnant le meilleur résultat d’investissement. Dans cette perspective, il est important pour un investisseur de réévaluer constamment son portefeuille et de rechercher les actions pouvant générer à la fois un rendement du dividende (élevé) et une croissance du dividende.

En ce qui concerne les obligations, le papier d’État a traditionnellement procuré des revenus. Maintenant que le marché haussier long de 30 ans a pris fin et que les rendements obligataires se situent à des planchers historiques, les obligations ne procurent plus de revenus durables. Les investisseurs à la recherche de revenus durables doivent donc poursuivre leur quête au sein de la classe d’actifs et la termineront probablement lorsqu’ils auront rencontré les obligations à haut rendement. Dans le contexte actuel, les obligations à haut rendement offrent des revenus très appréciés avec une volatilité relativement faible. Les différences régionales sont également présentes à ce niveau. Les perspectives en matière de taux d’intérêt ainsi que les solides fondamentaux de crédit des sociétés impliquent que le contexte favorable aux obligations à haut rendement devrait persister. Cette classe d’actifs ne présente toutefois plus guère de potentiel d’appréciation des cours.

Conclusion

Alors que la reprise mondiale s’essouffle quelque peu, nous pensons que les facteurs positifs à long terme l’emporteront sur les facteurs négatifs à plus court terme. Il est toutefois possible que l’économie entre dans une phase de consolidation avec une faible croissance nominale. Pour faire face à ce défi, les investisseurs doivent composer avec les différences régionales et rechercher au sein des classes d’actifs leur combinaison optimale de sécurité relative, de revenus et de potentiel d’appréciation du capital. La croissance et la dynamique divergent sur le plan régional à la suite des différences en matière de cycle économique et de politique menée. Dès lors, investir dans les bonnes régions peut véritablement faire la différence. Une faible croissance nominale accentue invariablement la quête de revenus, lesquels peuvent être trouvés au sein des classes d’actifs et non au niveau des classes mêmes.

Investir dans la bonne région et la bonne classe d’actifs peut procurer aux investisseurs les revenus supplémentaires auxquels ils aspirent. Les investisseurs recherchant une appréciation du capital peuvent privilégier les actions, mais doivent alors accepter la volatilité plus élevée inhérente à cette classe d’actifs.