par Jeffrey Burger, Gérant de portefeuille senior chez Mellon
Durant cette année dominée par l'actualité Covid-19, les investisseurs et les émetteurs d'obligations municipales n'ont pas été épargnés par les montagnes russes traversées par le marché dans le sillage de la pandémie. L'impact des mesures de confinement, les périodes de liquidité restreinte et la hausse du chômage font partie des facteurs qui ont affecté ce secteur du marché.
Au cours des seuls mois de mai et de juin, pas moins de 20 emprunteurs ont fait défaut sur leurs obligations municipales, en raison des tensions grandissantes provoquées par la réaction des États américains à la pandémie.1
Pour autant, le secteur a présenté depuis d'importants signaux de reprise, et les marchés des obligations municipales continuent de résister dans une large mesure, malgré les pressions subies par certains émetteurs au plus fort de la pandémie.
En dépit de leurs difficultés récentes, la plupart des obligations municipales ont bénéficié d'une croissance soutenue de leurs revenus après la récession, et leurs réserves de trésorerie se sont améliorées. Selon nous, les États et les gouvernements locaux vont probablement vouloir préserver une portion de leurs réserves afin de pouvoir faire face à des urgences futures. De plus, il leur est demandé de réduire leur déficit budgétaire en limitant les dépenses. L'octroi d'éventuelles aides du gouvernement fédéral pourrait également atténuer la nécessité de puiser dans les fonds de réserve. Quoi qu'il en soit, nous ne pensons pas que la baisse du niveau des réserves puisse compromettre la capacité des États à rembourser leurs dettes.
Élection présidentielle américaine
Maintenant que les marchés opèrent un certain retour à la normale (malgré les craintes de deuxième vague de contaminations au Covid-19), l'élection présidentielle américaine à venir cristallise toutes les attentions. De nombreux investisseurs sont en train d'évaluer les potentielles répercussions d'une victoire du candidat républicain Donald Trump ou de son adversaire démocrate Joe Biden sur des secteurs comme le marché des obligations municipales.
La victoire de l'un ou l'autre des candidats pourrait avoir des effets positifs pour les investisseurs en obligations municipales, puisque chacun, à sa façon, a promis de soutenir les infrastructures américaines et serait donc en mesure d'offrir un nouvel élan au secteur.
Les infrastructures sont un domaine très important, et c'est un enjeu politique majeur. Que l'élection soit remportée par Trump ou par Biden, il y aura enfin des efforts déployés pour construire de nouvelles infrastructures qui serviront réellement. Ce phénomène sera certainement favorable à la classe d'actifs des obligations municipales, mais il s'agit là véritablement d'une question politique, à propos de l'orientation qui sera donnée au projet d'infrastructures afin de refléter les valeurs du parti aux commandes ».
Si la Maison-Blanche et le Congrès sont dominés par les démocrates, la probabilité pour que le gouvernement mette en place des projets plus écologiques et plus respectueux de l'environnement dans le cadre de la relance économique sera plus importante qu'en cas de victoire des républicains.
Si Trump est réélu, le type de mesures qui seront prises en termes de construction d'infrastructures ne sera probablement pas aussi vert qu'avec les démocrates au pouvoir.
Cela dit, un fort accent devrait quand même être placé sur la construction et le développement des infrastructures, mais probablement pas dans les secteurs qui seraient privilégiés par les démocrates.
Si Trump est élu, des pressions s'exerceront sur les démocrates afin qu'ils trouvent des points de convergence avec son administration. La nécessité de rénover les infrastructures américaines est précisément l'un des rares sujets sur lesquels existe une certaine forme d'entente entre les deux partis..
Les routes et les hôpitaux pourraient faire partie des infrastructures bénéficiaires de nouvelles dépenses. Néanmoins, un équilibre devra être trouvé afin de veiller au bon usage des deniers publics.
Si la rénovation des infrastructures est faite convenablement, elle pourrait offrir une forte impulsion à l'économie. Le danger est qu'en cas d'erreurs, ces dépenses représentent des coûts irrécupérables et donc un gaspillage d'argent public.
En dehors des infrastructures, un autre avantage potentiel d'une victoire démocrate aux élections réside dans la position du parti sur la question de la fiscalité. Les démocrates seront plus susceptibles de relever l'impôt sur les sociétés, ce qui pourrait renforcer l'attrait fiscal des obligations municipales.
Si le Sénat, la Chambre et la présidence sont démocrates, il existe une plus grande probabilité pour que l'impôt sur les sociétés soit relevé, ce qui pourrait rendre la classe d'actifs des obligations municipales plus intéressante aux yeux des entreprises et des banques. L'une des raisons pour lesquelles les investisseurs apprécient les obligations municipales américaines est le fait qu'elles soient exonérées d'impôt.
Au niveau régional, les États américains ont l'obligation de présenter des budgets à l'équilibre et disposent de nombreux outils pour y parvenir, y compris la possibilité de réduire leurs dépenses et/ou d'augmenter les impôts. D'un point de vue relatif, nous pensons que les gouvernements, locaux et étatiques, qui bénéficient de flux de revenus diversifiés et de systèmes de retraite solides, devraient bien résister dans cet environnement. Il convient également de souligner que tout au long de son histoire, le crédit municipal a fait preuve d'une résistance remarquable dans différents scénarios économiques.