par Norman Villamin, CIO Banque privée chez UBP
Les actifs des marchés émergents ont globalement figuré parmi les grands gagnants de l’année 2017, avec une performance de 32% pour les actions de janvier à octobre.
Parallèlement, les spreads entre les obligations en devises fortes des pays émergents et leurs homologues des Etats-Unis ont connu un fort resserrement, malgré les craintes liées aux tensions géopolitiques et à la politique américaine. A la différence de l’économie outre-Atlantique, qui se situe en fin de cycle, les pays émergents en sont aux premiers stades de la reprise, après cinq années de décélération. En Chine, la croissance a rebondi en 2017, après le ralentissement enregistré sur la période 2010-2016. Le Brésil, quant à lui, vient de renouer avec la croissance, après une sévère récession en 2015 et 2016. De son côté, la Russie, bien que toujours pénalisée par les sanctions occidentales, est également dans sa première année post récession.
Ainsi, après une longue période de ralentissement, la consommation au sein des marchés émergents a repris des couleurs, avec des ventes au détail qui ont commencé à se stabiliser. De plus, les entreprises ont mis fin à leur désendettement et la croissance des prêts vient d’entamer un rebond.
Malgré la perspective d’une réaccélération modeste de l’économie, les marchés émergents devraient profiter de plusieurs facteurs positifs, comme le recul des pressions inflationnistes au niveau local, le dynamisme de la croissance mondiale ainsi que la fermeté des prix des matières premières. Les spreads souverains de l’indice JP Morgan EMBI+ se sont resserrés, passant de près de 500 points de base (pb) en janvier 2016 à 285 pb actuellement, mais contrairement aux autres marchés du crédit, ils restent plus importants que durant les précédents creux cycliques et offrent ainsi aux investisseurs une opportunité attrayante dans un univers du crédit de plus en plus onéreux.
Du côté des actions, l’indice MSCI Emerging Markets a vu l’écart de valorisation important se resserrer par rapport aux marchés développés durant l’année 2017. Par conséquent, les marchés émergents, à l’instar des marchés développés, s’appuieront de plus en plus sur les bénéfices pour délivrer de la performance en 2018.
Après la forte croissance des bénéfices des entreprises en 2017, les attentes bénéficiaires pour les marchés émergents apparaissent modestes pour l’année à venir. Si des surprises à la hausse sont possibles compte tenu du rebond des prix des matières premières, le regain de vigueur de l’USD observé en fin d’année pourrait constituer une nouvelle contrainte pour les performances des marchés émergents en 2018.
Globalement, les réformes politiques devraient, de notre point de vue, s’avérer positives pour les investisseurs sur ces régions.
Cependant, le déploiement attendu des réformes en Chine pourrait représenter un obstacle pour les investisseurs orientés sur la «vieille économie» en tout début d’année. En revanche, les privatisations prévues au Brésil et les nouvelles politiques envisagées par l’Inde pour rationaliser l’économie du pays devraient offrir un vaste champ d’opportunités au sein de l’univers des marchés émergents. Enfin, la politique attachée aux accords commerciaux globaux reste un risque majeur pour ces marchés, surtout en 2018 avec les élections de mi-mandat aux Etats-Unis, qui placeront la politique commerciale américaine au cœur des débats.