par Eric Bourguignon, Responsable de la gestion taux & crédit chez Swiss Life Asset Managers
Jusqu’ici préservée, l’économie du Royaume-Uni devrait subir les conséquences du Brexit dans les mois à venir. Annoncé il y a un an, le vote britannique en faveur du Brexit n’a pas eu les résultats désastreux attendus sur la deuxième économie de l’Union Européenne. Loin s’en faut. Le pays qui devait selon la plupart des analystes plonger en récession dès l’automne, a ainsi connu un second trimestre particulièrement dynamique. La confiance qui s’était effondrée dans la foulée du vote, s’est rétablie avec une célérité surprenante. Le taux de chômage a poursuivi sa décrue et les ventes de détail ont terminé l’année sur des niveaux record. Les entreprises n’ont pas remisé au placard leurs projets d’investissements. Les grandes banques de la City ne se sont pas empressées de déplacer leur siège sur le Continent comme beaucoup le craignaient.
Un tel écart entre prévisions et réalisation interpelle. Il résulte certainement pour partie de la réactivité de la Banque d’Angleterre qui n’a pas hésité à procéder à une baisse supplémentaire de ses taux directeurs et à relancer son programme d’achats de titres interrompu en 2012 pour faire face au traumatisme du 24 juin. Il s’explique aussi par l’effet stimulant que l’effondrement de la livre sterling a eu sur le secteur exportateur britannique. Mais il est surtout dû au fait que le Brexit n’a eu à ce stade aucune conséquence concrète sur les relations commerciales entre le Royaume-Uni et les 27 autres membres de l’Union alors que les négociations portant sur les modalités de leur divorce débutent à peine.
Il ne devrait cependant pas falloir attendre l’issue de ces négociations pour que les conséquences du vote britannique finissent enfin par se faire sentir sur l’économie du Royaume. Depuis quelques mois les signaux négatifs se multiplient en effet outre-manche. La croissance du premier trimestre 2017 a été divisée par trois comparée à celle des trois trimestres précédents. La production industrielle marque le pas et le prix des maisons connaît, lui aussi, un fort ralentissement. Plus grave, l’envolée de l’inflation provoquée par la dépréciation de la livre rogne les revenus des ménages ce qui pourrait rapidement rejaillir sur la consommation. Enfin, la dissolution ratée de Theresa May met non seulement le pays en position de faiblesse à l’égard de ses partenaires européens, mais elle ouvre également une période d’incertitude politique dont pâtira le climat des affaires. A n’en pas douter, les prévisionnistes peuvent encore espérer redorer leur blason…