par Frédérique Cerisier, économiste chez BNP Paribas
Cette semaine a été marquée par la publication des données de PIB pour le premier trimestre 2013. D’après Eurostat, l’activité a ainsi enregistré un repli dans la zone euro pour le sixième trimestre d’affilée, de 0,2% t/t.
Sans véritablement surprendre, les données publiées par la plupart des instituts statistiques nationaux ont plutôt déçu, en se situant dans la partie basse des anticipations. En Allemagne, où un rebond était attendu après la forte chute observée au T4 2012 (-0,7% t/t), l’activité n’a progressé que d’un maigre 0,1% t/t début 2013. Avec la Belgique et la Slovaquie (soit à elles trois 32% de la zone), ces économies sont les seules, même parmi les économies du nord de la zone euro, à avoir connu une croissance positive au T1 20131.
Ailleurs, la récession s’est poursuivie, sur des rythmes parfois identiques, mais généralement plus faibles que ceux observés fin 2012. En Italie et en Espagne, la baisse a été de 0,5% (après -0,9% et -0,8% respectivement fin 2012).
En France, elle a été, comme au T4, de 0,2% t/t. Les quelques informations disponibles sur la composition de la demande (seule l’INSEE a publié le détail des comptes nationaux, pour la France) suggèrent que la chute des dépenses d’investissement a été un trait commun à la plupart des pays et reste, avec la stagnation ou le repli de la consommation privée, le principal foyer de récession. En outre, les exportations de l’ensemble de la zone euro (intra et extra-zone) s’étaient contractées fin 2012, pour la première fois depuis mi-2009. Les attentes d’un rebond au T1 2013 ont visiblement été déçues. En France, elles ont diminué de 0,5% en volume, après -0,7% au T4. En Allemagne, l’ampleur du repli n’est pas connue, mais l’office fédéral des statistiques a confirmé que les exportations avaient à nouveau diminué ce trimestre, et que le commerce extérieur n’avait pas contribué à la croissance au T1.
Il faut noter que cette atonie du commerce extérieur est là encore le reflet de la faiblesse de la demande intérieure européenne : en effet, d’après les données douanières, les exportations des pays membres à l’extérieur de la zone euro ont fortement rebondi au premier trimestre (+2,1% t/t en valeur, d’après des données désaisonnalisées), tandis que les échanges intra-zone, de même que les importations depuis le reste du monde, continuaient de s’effriter. Résultat : l’excédent commercial de la zone a battu tous les records début 2013, à près de 19 milliards d’euros en mars, et plus de 40 milliards au premier trimestre.
Evaluée sur un an, la chute du PIB atteint désormais 1% dans la zone euro et s’étale, selon les pays, de plus de 5% en Grèce à une progression de près de 1% en Slovaquie. Mais, en fait, la déconnexion des conditions économiques est bien plus marquée, entre les pays retombés en récession il y a déjà de nombreux trimestres et ceux, comme l’Allemagne ou l’Autriche, qui sont davantage en train de subir une pause dans le processus de reprise. Dans tous les Etats ayant été affectés par un hiver particulièrement rigoureux, pesant sur l’activité dans la construction, la croissance devrait bénéficier d’une correction à la hausse au deuxième trimestre, qui pourrait être relativement marquée, notamment en Allemagne. Au-delà de ces effets de rattrapage, les données d’enquêtes actuellement disponibles ne sont pas très encourageantes. Tant le PMI composite que l’indice du sentiment économique se sont récemment détériorés et restent compatibles avec une nouvelle contraction de l’activité au printemps. Ces enquêtes incitent à repousser au second semestre les perspectives de stabilisation, puis de reprise de l’activité. Une orientation qui a d’ailleurs poussé la BCE à diminuer son principal taux directeur au début du mois et qui pourrait l’amener à faire plus au cours des prochaines semaines.
NOTES
- Les données ne sont pas disponibles pour la Grèce, l’Irlande, le Luxembourg, Malte et la Slovénie.
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