par Maryse Pogodzinski, Economiste chez Groupama AM
Après une croissance de 2.3% en 2017, le PIB a progressé de 1.6% en 2018, soutenu principalement par une demande domestique robuste. L’économie française a ralenti, certes, mais moins que ses voisins. Même si certains déséquilibres structurels persistent, les projections de croissance restent satisfaisantes à horizon deux ans : autour de 1.4% en moyenne.
La France a subi une dégradation structurelle lente et continue de la qualité de sa croissance tandis que de nombreuses réformes ont été mises en place depuis l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017 : réformes de la fiscalité, du marché du travail, de l’éducation et de la formation professionnelle.
Si un bilan est difficile et prématuré à ce stade, on peut toutefois observer une très légère amélioration de la situation sur le marché du travail avec notamment une baisse du chômage des jeunes (qui reste toutefois encore élevé, au-dessus de 20%) et une amélioration globale de l’embauche. En revanche, il y a très peu d’amélioration concernant le taux d’emploi des séniors.
Il n’y a pas d’amélioration dans l’investissement productif des entreprises et la modernisation du capital. L’investissement en nouvelles technologies demeure très inférieur à la moyenne de la zone euro (0.5% du PIB en France contre 1.3% à l’échelle de la zone euro). La capacité de production de l’industrie manufacturière a continué de reculer en 2018. Sur le plan du commerce extérieur, les parts de marché à l’exportation de la France ont aussi reculé l’année dernière (de plus de 10% en 2012 à moins de 5% en 2018).
Stimulus sur le pouvoir d’achat des ménages et sur l’investissement des entreprises
Le climat des affaires se maintient en début d’année 2019 un peu au-dessus de sa moyenne de long terme, après avoir régulièrement perdu du terrain tout au long de l’année dernière. La confiance des ménages se redresse, après une forte baisse en fin d’année 2018, essentiellement en raison du mouvement social des « gilets jaunes ». L’emploi conserve une progression comparable à celle observée en 2018 (+85 000 en moyenne par semestre) et le taux de chômage continue de baisser (à 8.5%).
Le pouvoir d’achat, déjà stimulé fin 2018 par les réductions de la taxe d’habitation et de cotisations salariales, bénéficie des mesures d’urgence annoncées en décembre dernier.
L’économie française sera donc surtout soutenue par la demande intérieure, en particulier la consommation des ménages, mais aussi l’investissement des entreprises qui devrait profiter de l’apport ponctuel de trésorerie associé à la transformation du CICE en baisse pérenne de coût salarial.
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