par Delphine GEORGES et Ibra WANE, analystes au Crédit Agricole AM
Les actions ont fortement rebondi depuis début mars. Selon un scénario en W, ce rallye de marché baissier pourrait se poursuivre, mais ne serait pas nécessairement le prélude d’un véritable bull market (marché haussier).
Que dit le marché: après une baisse historique en 2008, les indices MSCI Monde, USA et Europe demeurent en baisse respective de 8 %, 10 % et 12 %depuis début 2009. On notera toutefois que depuis leur plus bas du 9 mars dernier, ils ont rebondi respectivement de + 16 %, + 19 % et + 13 %. Par ailleurs, ce rallye s’est accompagné d’une forte rotation, puisqu’il a été avant tout l’apanage des valeurs financières et cycliques quand la quasi-totalité des défensives sous-performaient.
Quid de la macro: après la phase aiguë de contraction au T4, qui s’est traduite par un coup de frein brutal sur le commerce mondial et l’investissement, les premiers signes d’amélioration commencent à poindre aux USA. Ainsi, la consommation se serait stabilisée au T1 09 après son décrochage au T4 (- 4 %).
De même, les investissements auraient marqué une première inflexion. Enfin, bien que la situation de l’immobilier ancien demeure très préoccupante, un timide redémarrage a été observé sur le neuf.
Nous attribuons ce début d’amélioration à deux phénomènes:
- un effet de base favorable, d’où le rebond des mises en chantier et des investissements tombés extrêmement bas,
- et, bien que ce soit paradoxal, en pleine envolée du chômage, une amélioration transitoire du pouvoir d’achat des ménages du fait de la décélération des prix, de l’énergie en particulier. Ainsi, après avoir commencé à se désendetter au T4, les ménages américains ont timidement recommencé à consommer.
En Europe, au contraire, les signes d’amélioration sont moins tangibles et un découplage des performances économiques des deux zones est à prévoir au T1 09.
Après ce 1er palier d’amélioration, le 2ème étage, lié aux politiques expansionnistes, prendrait le relais à mi-année. En revanche, au-delà de mi-2010, le moteur du 3ème étage pourrait s’avérer insuffisant : la croissance demeurant dès lors sous potentiel avec la dissipation des effets de base en matière d’inflation, le plafonnement des stimuli, la persistance du chômage et la volonté des agents privés de se désendetter.
Selon ce scénario, le rebond de marché baissier devrait se poursuivre, l’amplitude de ce type de rebond atteint fréquemment 30 % et plus. Mais il ne peut y avoir de retour à un véritable bull market (marché haussier)aussi longtemps que des progrès tangibles n’auront pas été enregistrés tant sur le plan de l’assainissement des banques que celui du désendettement des agents privés.