Par Ad van Tiggelen, Stratégiste Senior chez ING IM
En septembre, octobre et novembre, les marchés d’actions ont été tétanisés par la peur : la peur d’un effondrement du système financier et la peur d’un futur dominé par la déflation et une sévère récession. En décembre, les investisseurs ont toutefois pris le temps de se pencher sur la situation mondiale, ce qui a donné lieu aux premières lueurs d’espoir. Les cours des actions et des obligations d’entreprises ont rebondi fortement par rapport à leurs planchers de fin novembre, tandis que les taux interbancaires qui avaient atteint des niveaux extrêmes se sont clairement contractés. Pour l’instant, le système financier semble sauvé et bien que les données économiques demeurent exécrables, les investisseurs prennent conscience de l’ampleur des mesures budgétaires et monétaires qui ont été prises.
Cela signifie-t-il que nous pouvons à nouveau acheter des actions avec l’esprit tranquille ?
Pas vraiment. Selon toute vraisemblance, il ne s’agit que d’un rebond au sein d’un marché baissier à la suite de ventes excessives. Après une période prolongée de mauvaises nouvelles, les investisseurs ont tendance à se retrouver avec de nombreuses actions défensives et un montant élevé de cash. Ce positionnement extrême provoque de brusques vagues d’achats de courte durée chaque fois que le nombre de mauvaises nouvelles diminue quelque peu. Ces ‘bear market rallies’ sont souvent initiés par les actions ayant le plus souffert au cours de la phase baissière précédente. Il n’est dès lors pas surprenant que les valeurs cycliques, les petites capitalisations et les pays émergents se soient distingués positivement en décembre et au début du mois de janvier. Ceux qui avaient osé acheter ces actions à la fin novembre ont été récompensés par des gains de 30 à 50% début janvier. Un bon timing fait toute la différence!
Nous pensons qu’il est tout à fait probable que ce schéma se répète à plusieurs reprises en 2009. La phase baissière du marché arrive à maturité et la longue chute des cours provoquée par la panique devrait faire place à une succession de hausses, inspirées par l’espoir d’un avenir meilleur, et de baisses, guidées par les craintes d’une aggravation du contexte économique. Cependant, lorsque les bénéfices des entreprises seront proches de leur plancher, l’une de ces hausses devrait s’avérer plus durable et marquera le début d’un nouveau cycle haussier. Nous nous attendons à ce que ceci se produise après un nouveau repli des bénéfices des entreprises de 20 à 30%, peut-être au deuxième semestre de 2009 ou en 2010. D’ici là, les cours continueront à fluctuer de manière importante, avec de violents mouvements de hausse ou de baisse alors que les investisseurs tenteront de digérer le flux des mauvaises nouvelles provenant des entreprises tout en espérant que les mesures budgétaires et monétaires parviendront finalement à redynamiser l’économie.
Quelles sont les implications pour votre portefeuille?
Alors que le cycle baissier arrive à maturité, la solution « facile » d’un investissement en cash, en obligations d’Etat et en actions très défensives devient progressivement moins rémunératrice. Tout le monde a en effet adopté cette stratégie! Après les turbulences de septembre, la « sécurité » est devenue chère, tandis que le «risque » est bon marché. Dans les prochains mois, il serait dès lors intéressant d’accroître graduellement le « risque » dans votre portefeuille, surtout en cas de faiblesse des cours.
Pour l’instant, il n’est toutefois pas encore nécessaire de partir à la ‘chasse aux rallys’. Il convient en revanche de conserver une bonne partie d’obligations d’Etats, d’obligations d’entreprises et d’actions distribuant des dividendes élevés dans vos portefeuilles. Une telle combinaison procure des revenus appréciables et une bonne protection de votre capital. Au cours de l’année, il sera toutefois opportun d’ajouter progressivement des positions plus risquées. A cet égard, les biens de consommation cycliques (distribution, médias, automobile) et les matières premières (industrie minière, compagnies pétrolières) nous semblent plus attrayants que le secteur financier ou l’industrie. Votre investissement pourrait être quelque peu prématuré, mais il est illusoire de penser pouvoir prévoir le timing exact du creux boursier. Après tout, le potentiel haussier de ces investissements est surtout important à plus long terme.
2009 ne sera pas une année facile pour les marchés financiers. Néanmoins, le pire est probablement derrière nous et la rémunération de la prise de risques augmente lentement, ce qui devrait stimuler les ardeurs des investisseurs.