par l’équipe de Martin Currie, une filiale de Legg Mason
Steve Frost et Michael Browne, gérants d’un fonds actions européennes Long/Short, le « Legg Mason Martin Currie European Absolute Alpha Fund »
« Le début 2019 s'annonce très différent de ce que nous avons connu en 2018. Il y a un an, alors que les marchés mondiaux battaient des records historiques, les perspectives des actions européennes étaient excellentes. En réalité, selon nous, l'optimisme allait bien au-delà de ce que la prudence imposait. Cette fois-ci, les prévisions concernant les bénéfices et le cours des actions sont certainement empreintes d’un peu plus de réalisme, mais derrière cela, se trouve également une certaine dose d'incertitude de la part des investisseurs. Le relèvement des taux de la Réserve fédérale américaine présageant la fin du cycle ; le ralentissement de la Chine sous l'effet des droits de douane américains ; le gouvernement italien partisan d'une relance budgétaire via la dette, poussant les taux d'intérêts à des niveaux insoutenables ; et l'heure de vérité pour le Brexit sont les quatre préoccupations majeures d'ordre macroéconomique qui ont émergé en fin 2018 et qui vont probablement occuper l'esprit des investisseurs pendant une bonne partie de 2019.
Néanmoins, les effets négatifs d'un euro fort sont largement derrière nous, et les changements stratégiques opérés pour tenir compte de ce nouveau régime devraient continuer de doper les profits et la compétitivité au moins pendant le premier semestre 2019. L'inflation européenne se situe dans le haut de la fourchette cible, ce qui va probablement favoriser la fin des taux négatifs à court terme et ce, pour le plus grand bénéfice des banques. Des opportunités surgiront également dans d'autres domaines, notamment un rebond du secteur du matériel informatique qui devrait commencer à s’affirmer au cours de l’année. Même le secteur automobile voit le bout du tunnel concernant ses problèmes d'émissions, qui ont tant ralenti la production cette année. Quant au positionnement des investisseurs, il dépendra grandement des données économiques annoncées d'ici le début de l'année. Aux niveaux actuels, il y a très certainement un grand pessimisme intégré dans les cours des marchés. Dès lors, il est difficile d'échapper à la conclusion que les marchés européens sont très abordables en cette fin d'année 2018. »
Kim Catechis, gérant d’un fonds investi sur les actions des marchés émergents, le « Legg Mason Martin Currie Global Emerging Markets Fund »
« En 2019, je m'attends à ce qu’une série de facteurs top-down susceptibles de façonner les performances des investissements s’essouffle d’une certaine manière. Plus précisément, il s’agira de la désescalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et des effets de nouveaux accords commerciaux multilatéraux impliquant principalement les pays émergents. Ces derniers viendront soutenir la croissance économique des dix prochaines années. Dans ce contexte, nous nous concentrons sur plusieurs thèmes d'investissement prometteurs dans les marchés émergents comme la technologie, la consommation intérieure, la pénétration des services financiers et l'évolution du secteur de l’énergie. Ces thèmes sont tous largement portés par la croissance de l'urbanisation à long terme, mais aussi par la proportion toujours plus élevée de la classe moyenne dans la société et par la hausse des échanges commerciaux entre les marchés émergents, sous l'impulsion de nouveaux accords commerciaux tels que le Partenariat économique régional global (Regional Comprehensive Economic Partnership, RCEP) et le Partenariat transpacifique (Trans-Pacific Partnership, TPP).
Bien sûr, les risques seront également nombreux. La guerre commerciale en cours entre les États-Unis et la Chine, la hausse des taux d'intérêt américains et le dollar fort qui en résulte restent des préoccupations majeures tant pour les entreprises que pour les investisseurs. Pourtant, je suis raisonnablement optimiste quant au fait que les effets de ces risques seront limités, voire se dissiperont d'une manière ou d'une autre. Par exemple, une désescalade des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine est peut-être bien plus probable que ce que les gens pensent à l'heure actuelle ; la Chine ne va sans doute pas céder et les États-Unis reviendront probablement sur leurs droits de douane en prétextant une « victoire » pour sauver la face. Entre-temps, la trajectoire de relèvement des taux américains va probablement se poursuivre en 2019, mais un dollar fort est certainement un moins grand problème pour la plupart des pays émergents, dont la dette souveraine est généralement faible et qui n'ont pas d'ancrages monétaires à défendre.
Je crois vraiment qu'en 2019 les marchés émergents vont continuer de représenter une valeur sûre dans l'allocation des actions à l'international. La performance des actions est plutôt bien synchronisée avec les marchés développés, comme le montre l'indice MSCI World. Il convient toutefois de souligner que les ratios cours-valeur comptable (price-to-book) et cours-capitaux propres (price-to-equity) restent faibles par rapport aux valeurs historiques et aux marchés développés. »
Zehrid Osmani, gérant actions
« La crainte d'un risque accru de récession sera certainement un thème récurrent sur le marché l'an prochain et, comme nous sommes dans les dernières phases du plus long cycle de croissance économique de l'histoire, il est hautement probable qu'une récession se produise à un moment donné dans les années à venir. Cela nous conduit assurément vers un environnement plus volatil.
Cependant, je pense que la volatilité accrue en 2019 fournira aux investisseurs de long terme une bonne occasion de commencer à investir dans certains domaines intéressants qui proposent des perspectives de long terme à la fois durables et attractives, en tirant parti de moteurs de croissance tels que la classe moyenne des marchés émergents, les tendances à la robotisation ou encore les entreprises exposées au marché des véhicules électriques.
Je suis convaincu qu'en 2019, à mesure que les pressions inflationnistes s'accentueront, il sera encore plus important de se concentrer sur les entreprises qui ont le pouvoir de fixer les prix, tout en conservant leurs marges, comme par exemple dans les segments du marché caractérisés par une concurrence faible. De plus, bien que l'activité de fusions-acquisitions ait atteint des niveaux records en 2018 (aussi bien en ce qui concerne le nombre de transactions que le volume de celles-ci), il se pourrait bien que le marché sous-estime la capacité de cette activité à accélérer encore en 2019. Elle pourrait d’ailleurs déclencher une vague d'euphorie sur le marché, comme nous l'avons déjà constaté par le passé à ce stade du cycle.
De mon point de vue, quelles que soient les évolutions des marchés à court terme en 2019 (et je suis certain qu'il y en aura beaucoup), nous continuerons à déployer des ressources analytiques pour effectuer des recherches sur plusieurs thèmes clés, visibles sur le marché à long terme, à savoir :
- les changements démographiques ;
- l’évolution des technologies dans tous les domaines
- la pénurie de ressources.