Politique monétaire: La Fed toujours préoccupée par la croissance

par Philippe Waechter, Directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management

La dramaturgie avait démarré au printemps dernier. Ben Bernanke, à deux reprises, avait indiqué l’intention de la Fed de réduire ses achats d’actifs financiers tout en maintenant ses taux d’intérêt au niveau de [0; 0.25%] encore un bon moment. Les membres du comité de politique monétaire (FOMC) n’envisageaient pas de changement de ses taux avant 2015.

Afin de calibrer les anticipations des investisseurs le président de la Fed avait indiqué que le changement dans le profil des achats débuterait à l’automne 2013, que ses achats s’arrêteraient lorsque le taux de chômage serait de 7% et enfin que le comité de politique monétaire n’envisagerait pas un changement taux d’intérêt à la hausse avant que le taux de chômage n’ait convergé vers le seuil de 6.5% et que le taux d’inflation anticipé soit supérieur de 0.5% à la cible de 2% définie par la Fed. Bernanke ajoutait aussi que le montant des achats d’actifs était dépendant de la conjoncture et que la Fed pouvait rebrousser chemin sans se renier.

La raison de ce changement était le fait que la Fed percevait une économie pour laquelle le risque de baisse de l’activité était limité et qu’en conséquence il devenait opportun d’imaginer la sortie d’une politique monétaire trop accommodante.

Au regard de ces éléments les économistes ont effectivement imaginé le démarrage du processus en septembre puisque cela correspondait à la publication de nouvelles prévisions et parce que la réunion était suivie d’une conférence de presse ayant la vertu d’expliquer la nouvelle stratégie. La réunion suivante avec les mêmes caractéristiques était celle de décembre. Le choix s’est porté sur septembre car en décembre le taux de chômage aurait pu facilement être très proche de 7% obligeant la Fed à réduire très vite sa politique d’achats d’actifs. Cette précipitation aurait alors eu des effets forts sur les marchés.

De ce cadre et en raison de données macroéconomiques très moyennes il était envisagé une réduction des achats de 10 à 15 Mds plutôt sur des Tbonds mais sans préjuger de ce qui serait fait par la suite.