par Fabrice Coudray, Director de Robert Half International France
Pour identifier les raisons qui poussent (ou pousseront) les cadres à changer d’employeur, nous avons mené une étude dans 17 pays (Belgique, Pays-Bas, France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie, Luxembourg, Irlande, Suisse, Etats-Unis, Canada, Australie, Nouvelle Zélande, Singapour, Hong Kong, Japon) auprès de plus de 5 200 cadres issus d’un échantillon représentatif d’entreprises (taille, secteurs d’activité).
Sans surprise, nous constatons que les envies de changement sont relativement modérées pour les 12 prochains mois. Un contexte économique incertain invite sans aucun doute à une plus grande prudence… En moyenne, un tiers des salariés (27% en France) n’a aucune volonté de changement d’employeur d’ici à un an ; un autre tiers (34% en France) n’y songe pas pour l’instant tout en restant à l’écoute d’éventuelles opportunités ; le dernier tiers lui est bel et bien intéressé. Dans ce 3ème cas, on observe une nuance : 12% d’entre eux (10% en France) nourrissent plus que des velléités, étant déjà engagés très activement dans la prospection d’un nouvel employeur, 22% (29% en France) y pensent mais n’ont pas encore initié une démarche de recherche active.
Quelles sont les raisons qui poussent (pousseront) ces cadres à franchir le cap en choisissant de poursuivre leurs carrières dans une autre entreprise ? Le pouvoir d’achat reste au cœur de leurs préoccupations puisqu’une rémunération plus importante arrive en tête des causes invoquées, loin devant la recherche de nouvelles responsabilités ou d’une meilleure qualité de vie…
Si un meilleur salaire attire en moyenne 25% des personnes interrogées – dont 32% des salariés français – c’est au Japon (44%) et à Singapour (38%) que ce critère est majeur, alors qu’il n’est revendiqué que par 7% des Néerlandais (et par aucun des Luxembourgeois consultés !).
Arrivent ensuite ex-aequo (à 18%) le souhait d’obtenir un poste avec plus de responsabilités et celui d’améliorer l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle.
Une fonction impliquant des responsabilités supérieures est surtout plébiscité au Luxembourg (33%) puis en Italie (25%) et loin derrière en France (15%). C’est en Australie que la qualité de vie est la plus recherchée (24%), puis par 22% des Japonais et des Allemands et loin derrière par les Français (10%). Toutefois, ces premiers résultats méritent d’être modérés. En effet, en réponse à la question « Pour quelles raisons choisiriez-vous un poste plus qu’un autre à salaire et avantages équivalents ? », c’est un palmarès complémentaire qui apparaît :
1) Le développement de carrière et la prise de responsabilités : 22% en moyenne (28% en France), et en majorité au Luxembourg (38%) ;
2) L’équilibre vie professionnelle / vie privée : 17% en moyenne (16% pour La France remportant ainsi la 3ème place), et en majorité en Belgique (28%) ;
3) La possibilité d’horaires flexibles et de télétravail : 16% en moyenne, et en majorité aux Pays-Bas (29%) ;
4) Des relations avec une nouvelle équipe et un nouveau manager : 13% en moyenne (2ème position en France avec 17% des suffrages), et en majorité en Suisse (22%) ;
5) Une nouvelle culture d’entreprise : 12% en moyenne (7% en France), et en majorité au Japon (21%).
C’est souvent la prise de nouvelles responsabilités et la qualité de vie qui poussent à être mobile sur le territoire national ou à l’international…
Alors que la perspective de changer à la fois d’emploi et de ville attire 73% de l’ensemble des personnes interrogées, c’est en Allemagne (88%), en Suisse (81%) et en Italie (80%) qu’elle totalise le plus d’amateurs (75% en France). A contrario, seuls 56% des Canadiens et des Irlandais se disent intéressés par un changement de ville.
Les motivations avancées sont alors : en premier lieu, l’accession à un poste avec plus de responsabilités (30% en moyenne, raison n°2 en France avec 27%), suivie par une meilleure qualité de vie (25% en moyenne, raison n°1 en France avec 37%) et pour des raisons familiales (18% en moyenne, 13% en France). 53% des personnes interrogées ne souhaitent pas changer de pays. Parmi les 47% favorables, on distingue en tête : la population salariée de Singapour (69%), les Allemands (59%) puis leurs homologues italiens (56%).
Pourquoi partir travailler au-delà de ses frontières ? En majorité pour une meilleure qualité de vie (30%), pour un poste avec plus de responsabilités (25%) puis pour des raisons familiales (19%). On pourra noter qu’en France pour ce challenge, la motivation d’une meilleure qualité de vie est placée au même niveau que celle d’un meilleur poste (soit 31% des suffrages recueillis pour chacune des propositions), suivie ensuite par l’opportunité d’embrasser des nouvelles fonctions (14%).