par Laurent Berrebi, Chef Economiste de Groupama Asset Management
Après une croissance confirmée à 3% au 4ième trimestre 2011, le ralentissement anticipé au 1er trimestre semble être plus modéré qu’initialement prévu. La consommation des ménages a sensiblement accéléré en février avec une hausse de 0,4% en dépit de la faiblesse de la croissance des revenus : le pouvoir d’achat se réduit même pour le 2ième mois consécutif.
La baisse du taux d’épargne de 0,6 point à 3,7% qui résulte de la très bonne tenue du marché de l’emploi et des marchés financiers donne cependant un caractère provisoire à une telle dynamique. Outre le niveau trop bas du taux d’épargne, le ralentissement du marché de l’emploi et la correction des marchés devraient provoquer une nette décélération de la consommation, sous la menace également des prix élevés des cours de l’essence, proches du niveau psychologique de 4$ le gallon.
De plus, l’investissement des entreprises continue à montrer un très net ralentissement. Au total, la croissance du 2ième trimestre devrait décevoir en particulier dans le secteur industriel qui devrait subir également une correction attendue sur les stocks alors que la demande mondiale marque le pas. Il faut s’attendre dans les prochains mois à une baisse des indicateurs avancés, comme les indices ISM.
Zone euro : récession douce, mais des risques très élevés
Les enquêtes de la Commission Européenne ont en effet confirmé les messages des indices PMI : le rythme de contraction du PIB au 1er trimestre devrait être plus faible qu’au 4ième trimestre 2011 grâce à la demande domestique, mais la dynamique est moins favorable qu’en début d’année, plombée par le secteur manufacturier qui semble souffrir de la demande extérieure. L’Allemagne notamment enregistre une baisse sensible du sentiment économique en mars mais reste le seul pays qui devrait enregistrer un retour modeste à la croissance dès le premier trimestre, alors qu’en France, l’activité a dû stagner.
En revanche, la baisse du PIB s’est même accentuée dans un pays comme l’Espagne où les indices de confiance poursuivent leur dégradation.
L’Espagne constitue aujourd’hui le risque majeur pour la stabilité dans la zone euro au vu de sa situation préoccupante : la réduction du PIB prévue cette année est de – 1,7%, le taux de chômage à 23,6% aujourd’hui devrait poursuivre sa montée, des ajustements budgétaires de près de 8 points de PIB sont indispensables pour stabiliser la dette publique alors que le désendettement nécessaire du secteur privé devra être mené parallèlement.
Les ajustements proposés dans le cadre de la loi budgétaire présentée au Parlement risquent de ne pas être tenus, notamment au vu du déficit du gouvernement central actuel, supérieur à plus de la moitié de l’objectif annuel.