Par Laurent Gaetani, Directeur Général de Degroof Petercam Gestion
Dans notre dernier édito nous insistions sur trois points : la pause estivale était saine, elle donnait, selon nous, des points d’entrée (notamment sur les actions européennes) et enfin les investisseurs sous-estimaient la probabilité d’une hausse des taux de la Federal Reserve d’ici la fin de l’année. Le mois de septembre a confirmé nos anticipations avec une hausse des actions européennes de l’ordre de 5% en moyenne et une remontée des taux américains de l’ordre de 20 points de base suite au discours de Janet Yellen confirmant une dernière hausse des taux pour 2017 (programmée en décembre) et un ajustement progressif de la taille du bilan de la FED qui s’enclenchera dès le mois d’octobre.
Et maintenant ?
Faut-il continuer à privilégier les actifs risqués pour le dernier trimestre ? Notre conviction est qu’il faut maintenir une surpondération sur les actions, notamment en zone euro. En effet, le regain de vigueur de la croissance mondiale devrait continuer à soutenir l’appétit au risque qui reste, pour l’instant, peu affecté par les risques géopolitiques et les développements politiques récents (résultat en demi-teinte des élections en Allemagne, tensions autour du référendum catalan, négociations difficiles autour du Brexit, mise en place laborieuse des réformes aux États-Unis…).
Autres facteurs positifs : les banques centrales devraient continuer à poursuivre très progressivement la normalisation de leur politique monétaire, exceptée la banque d’Angleterre qui fait face à des pressions inflationnistes fortes. Elle sera donc contrainte de relever ses taux plus tôt qu’anticipé. La Banque Centrale Européenne devrait annoncer, en octobre, une réduction de ses achats d’actifs (vraisemblablement de 60Mds€ à 40Mds€ dans un premier temps), mais elle prendra les précautions d’usage afin de ne pas froisser les investisseurs.
Dans ce contexte de hausse -mesurée- des taux, le secteur bancaire devrait continuer sa progression. Nous continuons de sous-pondérer les obligations souveraines des grandes économies dont les valorisations apparaissent très élevées et les rendements attendus faibles. Vigilance également du côté du crédit où les flux continuent d’alimenter la recherche de rendement et contribuent ainsi à l’écrasement des spreads de crédits. A titre d’exemple, le rendement moyen annuel d’une obligation privée investment grade en zone euro est aujourd’hui autour de 0.7% pour une maturité moyenne de six ans… Même constat du côté des obligations high yield (avec néanmoins un portage bien plus intéressant), autant dire qu’en terme de gestion obligataire, il convient pour les mois et années à venir d’être flexible dans son approche (couverture du risque de taux) d’une part, et très vigilant sur le choix des émetteurs (analyse fondamentale détaillée) de l’autre.
Quels sont les risques qui pourraient empêcher une poursuite de la hausse des actions d’ici la fin de l’année ?
Les risques ne sont pas d’ordre économique mais politique et géopolitique. Les tensions actuelles en Espagne montrent que les nationalismes régionaux ont le vent en poupe, ces évènements pourraient amener de la volatilité en zone euro. La dégradation de la situation dans la péninsule coréenne pourrait avoir des conséquences néfastes pour la croissance mondiale. Pour l’instant le statu quo semble l’emporter avec de nouvelles sanctions économiques mais la poursuite du programme nucléaire coréen. A suivre.