par Maria Municchi, Gérante équipe multi-asset, et Randeep Somel, Gérant actions chez M&G Investments
Quel impact le prochain président américain aura-t-il sur le débat autour du changement climatique et quelles industries en bénéficieront ? Maria Municchi et Randeep Somel, gérants chez M&G Investments analysent les divergences entre les deux candidats à la présidence, Donald Trump et Joe Biden.
Maria Municchi, Gérante équipe multi-asset
Le changement climatique est certainement le domaine dans lequel les deux candidats ont des points de vue et des projets complètement opposés. L'approche de Donald Trump en matière de changement climatique et de durabilité demeure très négative et il est probable que les États-Unis quittent l'accord de Paris en novembre. En revanche, Joe Biden a adopté et pris les rênes du programme de durabilité, en proposant un plan d'investissement de 2 000 milliards de dollars de soutien aux projets durables, axé sur les infrastructures, la construction, le secteur automobile et les transports. Ce plan devrait permettre aux États-Unis de s'engager sur la voie zéro émission carbone d'ici 2050. Plus particulièrement, ce plan s’attache à une certaine justice environnementale, en s'assurant que les secteurs qui bénéficient de cette relance et de ces investissements sont ceux qui ont été les moins favorisés auparavant et qui ont besoin de davantage de soutien.
En dépit de l'approche de la durabilité et du changement climatique adoptée par Trump au cours de son mandat, la situation a néanmoins évolué aux États-Unis et les changements sont en cours. Par exemple, à ce jour environ 20% de l'énergie totale utilisée aux États-Unis provient des énergies renouvelables. La part du charbon a été réduite de 34% à 21%. Malgré le soutien important apporté par le président au secteur du pétrole et du gaz, les performances de ce secteur ont été très médiocres. Sur quatre ans, nous prévoyons une baisse des rendements de l’ordre de 60% pour certaines de ces entreprises. Je pense donc qu'aujourd'hui, les nouvelles convictions économiques et les progrès vont conduire à une transformation de l'économie américaine en une économie plus durable. Le résultat des élections américaines aura cependant un rôle majeur sur le rythme de cette transformation.
Randeep Somel, Gérant actions
S'il est élu président, Joe Biden a évoqué une politique de "green new deal" et a fait savoir que les Etats-Unis resteront dans l'accord de Paris sur le climat. Le "green new deal" prévoit une dépense de 2 000 milliards de dollars au cours de son mandat, destiné à poursuivre ce qui constitue un engagement des États-Unis à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les secteurs des énergies renouvelables, de rénovation des bâtiments ou des véhicules électriques sont tous susceptibles de prospérer si Biden réussit à faire adopter ces politiques. On peut citer comme exemples les fournisseurs de services publics et les fabricants tels qu'Avangrid, Siemens Gamesa, Solaredge, Vestas, Rockwool et Infineon Technologies.
Sous la présidence de Trump, les entreprises d'extraction de combustibles fossiles devraient être florissantes, car Trump ne prévoit pas de renforcer les restrictions et la taxation sur le secteur. Les industries à forte consommation d'énergie sont également susceptibles d'être plus performantes si Donald Trump obtient un second mandat. C’est le cas d’entreprises telles que Chevron et Conoco Phillips, même si celles-ci seront toujours confrontées à la pression accrue du passage à des technologies plus propres. Les industries à forte intensité énergétique comme Caterpillar et les entreprises du secteur de la défense comme Lockheed Martin préféreront probablement que Trump reste à la Maison Blanche.
L'augmentation des dépenses d'infrastructure a quant à elle été débattue par les deux candidats. Le groupe américain Jacobs Engineering bénéficiera d'une plus grande attention politique dans ce domaine. Le secteur technologique, qui profite de l’engouement pour la numérisation, ne sera vraisemblablement pas perturbé non plus, quel que soit le candidat élu à la prochaine présidence.