par Charlotte de Montpellier, Senior Economiste chez ING
En mai, la production industrielle française a rebondi plus qu’attendu et a atteint son plus haut niveau depuis le début de la pandémie. Les perspectives pour l’industrie demeurent néanmoins difficiles.
Rebond généralisé, l’impact des contestations compensé
En mai, la production industrielle française a rebondi plus qu’attendu, augmentant de 1.2% sur le mois, après +0.8% en avril. La production manufacturière rebondit également, de 1.4% sur le mois (après +0.6% en avril). Ce rebond permet à la production manufacturière d’atteindre son plus haut niveau depuis le début de la pandémie, en croissance de 2.9% sur un an. La faiblesse de mars liée aux grèves et perturbations de production engendrées par les contestations entourant la réforme des retraites a donc été entièrement compensée.
La croissance en mai a été observée dans toutes les grandes catégories de production, même si les branches industrielles intensives en énergie continuent de souffrir du contexte des coûts élevés de l’énergie. Les niveaux de production dans la sidérurgie, la fabrication de papier/carton et celles des produits chimiques de base demeurent entre 13 et 24% plus faible qu’il y a un an.
Les perspectives de l’industrie demeurent difficiles
Le rebond de la production industrielle est globalement une bonne nouvelle pour les perspectives économiques française. A court terme, cela devrait permettre que la production industrielle ne contribue pas négativement à la croissance du PIB au deuxième trimestre. Une croissance faible, mais positive semble le plus probable.
Néanmoins, pour les prochains trimestres, les perspectives de l’industrie demeurent difficiles. D’après les résultats d’enquêtes, l’appréciation des carnets de commandes par les chefs d’entreprises demeure très faible depuis plusieurs mois, signe d’un ralentissement important de la demande mondiale pour les biens industriels. En parallèle, le niveau de stocks de produits finis reste toujours élevé. Cela signifie que la production risque de diminuer dans les prochains mois, les entreprises ne voyant pas arriver de nouvelles commandes et ayant des stocks à vider. Les indices PMI pour le secteur manufacturier sont eux en territoire de contraction (en-dessous de 50) depuis le mois de janvier.
Croissance faible en 2023, mais aussi en 2024
In fine, la croissance du deuxième trimestre devrait être faible, mais positive. La croissance du troisième trimestre aurait dû être soutenue par la vigueur du secteur touristique. Néanmoins, les récentes tensions et dégradations font peser le risque que ce soutien soit un peu plus faible que prévu. En effet, malgré des impacts microéconomiques importants, ce genre d’événements ont généralement un effet non significatif sur la croissance économique. Le fait qu’ils aient lieu au début de l’été, en pleine saison touristique peut engendrer un effet négatif un peu plus important (mais probablement pas supérieur à 0.1 point de baisse de la croissance).
Enfin, la fin de 2023 et 2024 s’annoncent faibles, dans un contexte de ralentissement économique mondial, d’inflation française toujours élevée et de taux d’intérêts en hausse, qui se feront de plus en plus sentir sur la demande. Nous attendons toujours une croissance de l’ordre de 0.5% cette année et en 2024.