par Cyrille Geneslay, Gérant Allocataire chez CPR AM
L’économie est une « science » humaine et sociale capable de décrire et de prévoir « ceteris paribus » l’évolution de l’activité d’un pays ou d’une zone. La tâche est ambitieuse, mal aisée et repose sur un principe restrictif fort : « toutes choses étant égales par ailleurs ». Cet axiome qui revient à expliquer ce qui se passerait si rien ne bougeait conduit parfois les plus aguerris de nos économistes à des raisonnements pour le moins originaux, voire fallacieux.
Il en est un, particulièrement malchanceux, qui s’est presque systématiquement trompé dans ses prédictions économiques, niant l’imminence de la crise financière en 2007, prophétisant l’explosion de l’inflation sous l’ère Obama et l’effondrement des marchés actions suite à l’élection de Trump. Ce fin limier au nez creux vient de récidiver récemment (en juin) en déclarant : « j’espère que la Fed comprend qu’avoir plus de personnes au travail et une croissance plus rapide ne créent pas d’inflation ». Cette analyse pour le moins personnelle de Lawrence Kudlow, le principal conseiller économique de Donald Trump, marque une rupture novatrice (historique ?) avec la théorie économique classique reléguant la courbe de Phillips à une interprétation poussiéreuse de la relation salaires-inflation.
Contrairement à ce que nous pourrions croire, notre scénario de « changement de perception sur l’inflation » (10%) ne fait pas l’apologie de l’économie créative version Kudlow, mais anticipe un dérapage des anticipations d’inflation basé sur la théorie plus classique. Parallèlement, notre scénario de vives tensions politiques en Europe (20%) perd en intensité. Outre-Atlantique l’omniprésence médiatique de Trump et ses prises de positions pour le moins contradictoires sont au centre de notre troisième scénario de risque (25%) qui fait état d’une escalade dans les tensions commerciales. Ainsi dans ce scénario anxiogène nous aurions tant l’application des mesures annoncées que la mise en place de nouvelles encore et toujours plus restrictives. Vous l’aurez remarqué, en s’établissant à 45% de probabilité pour l’été, notre scénario central passe la barre fatidique des 50% de chance de réalisation.
Nous considérons, dans ce scénario, que l’ensemble des risques précités n’est au final que du bruit qui perturbe temporairement l’évolution des marchés financiers.