par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, et Xavier d'Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible chez Amplégest avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)
Deux mois après le choc du Brexit, l’été a été marqué par une reprise des marchés financiers dans un contexte de moindre volatilité, aidés par une économie mondiale sur une tendance plus favorable, et par des résultats des entreprises globalement encourageants.
Après un second trimestre peu vigoureux, en raison notamment d’un effet stocks très défavorable, l’économie américaine devrait accélérer sensiblement au troisième trimestre. La consommation des ménages reste l’élément moteur de la croissance aux Etats-Unis. Parallèlement l’industrie, qui ralentit depuis plusieurs trimestres, devrait se stabiliser et même rebondir, si l’on en croit les derniers chiffres de commandes à l’industrie de biens d’équipement. Un rétablissement, même partiel, des stocks, conjugué à la bonne tenue des grandes composantes de l’économie, devrait provoquer une accélération de la croissance outre atlantique.
Tout ceci milite pour une hausse des taux de la Federal Reserve, peut-être dès septembre ! Cela est d’autant plus plausible que, par ailleurs, l’inflation cœur accélère depuis plusieurs mois pour se retrouver au dessus de l’objectif cible de la FED. La hausse des salaires en cours alimente cette évolution. Les débats aujourd’hui sont vifs au sein de la Banque Centrale, mais les faucons semblent gagner du terrain. La normalisation de la politique monétaire américaine, justifiée par le niveau de l’économie, pourrait entraîner de la volatilité sur les marchés, mais elle n’est pas à nos yeux une mauvaise nouvelle. Elle ne serait que la conséquence logique et souhaitable du redressement en cours du pays. Le dollar devrait dès lors reprendre sa progression contre l’euro compte tenu du différentiel de taux entre les deux zones.
En Europe l’économie poursuit son ascension à un rythme modéré. Le soutien puissant de la BCE est l’élément déterminant pour une accélération du rythme de la reprise, d’autant qu’un changement de politique n’est pas à l’ordre du jour. Pourtant, les incertitudes nées du Brexit et les risques géopolitiques (vote référendaire en Italie, terrorisme, montée des populismes…) pourraient pénaliser la confiance des ménages et des industriels. Les chiffres du troisième trimestre devront être analysés avec précision pour mesurer l’impact de ces différents facteurs. Nous demeurons toutefois confiants sur la pérennité de la reprise économique en Europe.
Il y a un an, au mois d’août 2015, les marchés avaient décroché brutalement à la suite de la dévaluation du yuan et des risques d’un atterrissage brutal de l’économie chinoise. Aujourd’hui, ces risques semblent écartés. Le pays, toujours en phase de transition économique, s’est stabilisé et a même réussi l’exploit de dévaluer davantage sa devise, de manière presque inaperçue. Les autres grands pays émergents connaissent des situations disparates avec en point d’orgue l’Inde et la Corée du Sud en phase d’accélération. Le Brésil et la Russie continuent de digérer la crise des matières premières, mais le pire semble derrière nous. Enfin, pour terminer ce tour d’horizon mondial, le Japon continue de décevoir malgré les moyens illimités mis en place par le gouvernement et la Banque du Japon.
L’allocation de nos portefeuilles est restée relativement stable au cours de l’été, avec une préférence européenne pour les actions et une diversification vers des fonds flexibles ou alternatifs pour la partie plus prudente de nos investissements. La chute des actions européennes après le Brexit a été gommée, permettant aux indices de se rapprocher des niveaux de fin 2015. Le QE de la BCE favorise les actifs risqués. Nous garderons toutefois à l’esprit les risques politiques et géopolitiques qui peuvent impacter le moral des investisseurs.