par Gérard Bourret, Directeur Général d’OFI AM
« Ah ! Que la renommée est injuste et trompeuse ! » (Voltaire, Les lois de minos).
Pas de semaine sans que les fameuses trompettes de la renommée – chères à Brassens – nous viennent agresser les oreilles de quelque couac bien discordant. Aucun secteur, aucune personnalité un tant soit peu médiatisée, n’est épargné.
La success story d’un Facebook dérape sur un cours d’introduction en bourse qui dégringole de 11 % dès la première séance, et c’est tout le business model du web qui se bloque sur « erreur 404 » ! Une équipe de France, jadis championne du monde, encaisse plus de buts qu’il n’en faut et ses joueurs plus de millions qu’ils n’en méritent, et c’est l’image du foot qui se prend un carton jaune ! Un président de la République perd plus d’opinions favorables en 6 mois qu’aucun élu de la Cinquième, et c’est son prédécesseur qui récupère la mise dans les sondages ! Un acteur emblématique choisit l’exil fiscal en Belgique assorti d’un improbable passeport russe, et c’est toute la France qui crie « haro » sur son Gégé national !
Des réputations qui se font et se défont en moins de temps qu’il en faut pour le dire, des images brutalement ternies après avoir brillé de mille feux, des sondages en berne après avoir tutoyé les sommets, des notoriétés fluctuantes… autant d’exemples qui témoignent de la versatilité de nos sociétés, ou de la vacuité de leurs exigences, au choix. Pourtant, il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Reconnaissons que, le plus souvent, notre surprise n’a d’égal que notre surdité volontaire. En cause, le manque de sens critique, l’absence de recul, plus simplement, la paresse, encouragée par des médias plus moutonniers que les moutons de Panurge, qui nous servent et nous resservent ad nauseam une information prédigérée et garantie exempte de toute réflexion.
Je reviens sur deux événements concernant OFI: la sanction AMF et le classement du baromètre de la gestion d’actifs d’image & finance. Quel contraste pour notre notoriété (domaine du quantitatif), notre image (domaine du qualitatif) et notre réputation (domaine du subjectif) ! Raison de plus pour savoir raison garder et considérer que s’il y a eu sanction, nous devons tout faire pour la faire oublier, et que si nous jouissons d’une certaine renommée, celle-ci est tout sauf une rente. Notre challenge est donc clair : être toujours plus exigeants vis-à-vis de nous-mêmes et toujours plus à l’écoute de nos clients. Les romains l’avaient bien compris, qui nous rappellent qu’il n’y a pas loin du Capitole – où l’on célébrait les vainqueurs – à « la roche tarpéienne » – où l’on précipitait les vaincus.