par Tomas Hildebrandt, Gérant Senior chez Evli Fund Management Company
Le Président américain Donald Trump a complètement redistribué les cartes en congédiant de manière inattendue des membres clés de son équipe et de son administration. Le Secrétaire d’Etat Rex Tillerson a été poussé vers la sortie et remplacé par le très radical Mike Pompeo, Directeur de la CIA. H.R. McMaster, Conseiller à la sécurité nationale, a été remplacé par John Bolton qui est aussi, comme Pompeo, un « faucon ». Sept des douze Conseillers de la Maison Blanche ont été remplacés sur les douze derniers mois. Dans la presse, ces changements d’équipe ont occulté les propositions du Président Nord Coréen Kim Jong-un portant sur le renoncement aux armes nucléaires et sur une rencontre avec Trump, que l’intéressé est prêt à accepter.
Avant ces changements au sein de son équipe, Trump avait remis en cause le budget fédéral pour ne pas avoir inclus les restrictions sur l’immigration qu’il avait demandées. Il n’a pas exercé son droit de veto sur le budget mais l'a contré en proposant que le financement du mur frontalier avec le Mexique soit lié aux négociations de l'ALENA. Il a également fixé des taxes d’importation sur l’acier, ce qui a suscité la crainte d'une guerre commerciale. Les restrictions à l'importation concernent environ 3% des importations américaines totales.
Ces taxes concernent la Chine en particulier, qui a répondu avec des droits de douane sur certains produits américains. Pour le moment, les Européens ont évité ces taxes mais cette situation devrait déjà changer au mois de mai. La tactique de Trump semble être de pressuriser ses partenaires et alliés commerciaux pour soutenir son programme en limitant l’accès au marché américain. Le risque d’une guerre commerciale mondiale augmentera d’autant plus si les différents partis ne veulent pas négocier. Dans tous les cas, les relations commerciales seront testées à mesure que les restrictions, les régulations et les taxes évoluent.
Les sociétés technologiques sous pression
Les FANG américains (Facebook, Amazon, Netflix, Google) ont été soumis à des contraintes sur les marchés boursiers après les révélations selon lesquelles Facebook aurait fourni des données personnelles de ses utilisateurs à Oxford Analytica, une entreprise qui produit des analyses politiques à des fins controversées. Les perspectives du constructeur de véhicules électriques Tesla ont été impactées par un accident mortel impliquant une voiture autonomeet par des doutes concernant la situation financière de la société. Le projet de l’UE visant la mise en place d’une taxe digitale n’a pas amélioré la situation, même si l’impact économique devrait être faible.
Les pressions sur les cours des sociétés technologiques reflètent en réalité les enjeux posés à la rentabilité de leurs business model, la valorisation élevée de leurs actions et l'intérêt décroissant des investisseurs pour le secteur technologique. En dépit de mouvements intra-journaliers importants, la correction les actions technologiques n'était pas significativement plus importante que la baisse globale du marché.
Un mois rythmé par les événements
De nombreux événements mineurs ont eu lieu en mars et pourraient avoir un impact à long terme. Comme prévu, les résultats des élections italiennes mènent à une impasse où les partis de droite et les partis populistes pourraient avoir une chance de former un gouvernement s'ils parviennent à un accord mutuel. La Grande-Bretagne et l'UE ont trouvé une solution concernant la période de transition dans leurs négociations sur le Brexit. La tentative d'assassinat d'un ancien agent russe au Royaume-Uni a conduit à l'expulsion de dizaines de diplomates russes des pays occidentaux, suivie d'une réponse russe équivalente. En Russie, Vladimir Poutine a été réélu Président. Les États-Unis ont imposé des sanctions sur des oligarques russes, ce qui a fait trembler la bourse de Moscou.
Mario Draghi, Président de la BCE, a assuré que la BCE continuerait à mener une politique monétaire patiente, déterminée et prudente. Comme prévu, la Fed a augmenté ses taux d’intérêts d’un quart de point de pourcentage passant de 1,50 à 1,75% et a indiqué qu’il y aurait plus d’augmentations l’année prochaine. L’agence de notation Standard & Poors a relevé la note crédit de l’Espagne à A- en raison de ses bons résultats économiques.