par Luca Paolini, Chief Strategist, Patrick Zweifel, Chief Economist chez Pictet Asset Management
Le résultat des élections américaines de mi-mandat a permis à l'opposition démocrate de remporter une victoire partielle, dans une évolution qui pourrait remodeler une partie de l'agenda économique du président Trump
Les mesures de relance budgétaire américaines vont s'estomper, la croissance va s'essouffler. Les Démocrates ayant repris le contrôle de la Chambre des Représentants, le président Trump aura moins de marge de manœuvre pour faire adopter de nouvelles politiques budgétaires expansionnistes. Cela signifie que la plupart des mesures de relance budgétaire auxquelles nous aurions pu nous attendre de la part de l'administration Trump sont probablement derrière nous et qu'il est peu probable que des réductions d'impôt supplémentaires – qui s'ajouteraient à la réduction de l'impôt des sociétés qui a contribué à la performance des actions américaines au cours des derniers mois – aient lieu.
En conséquence, la croissance économique devrait se stabiliser à un rythme solide, mais non exubérant – nous prévoyons une expansion de 2,8% pour l'année prochaine. Nous pensons qu'il existe toujours un risque que l'inflation dépasse la cible de la Réserve fédérale américaine en 2019, mais pas de manière significative.
La trajectoire de la Fed reste inchangée, le dollar devrait s'affaiblir et les rendements obligataires se stabiliser à l'intérieur d'une fourchette plus étroite. L'évolution du paysage politique et budgétaire signifie que la Fed maintiendra probablement sa politique de resserrement monétaire progressif. Les anticipations du marché concernant les taux d'intérêt américains sont maintenant plus étroitement alignées sur les prévisions de la banque centrale, et nous ne voyons rien dans les résultats des élections de mi-mandat qui pourrait changer cela à court terme.
Comme il est peu probable que l'administration Trump soit en mesure d'obtenir un appui pour d'autres réductions d'impôt stimulantes, nous prévoyons une pression à la baisse sur le dollar américain qui, selon notre modèle d'évaluation monétaire, se négocie à environ 18 pour cent au-dessus de sa juste valeur. Les marchés obligataires américains devraient également réagir positivement à la probabilité réduite de nouvelles mesures de relance budgétaire. Nous nous attendons à ce que le rendement de l'obligation du Trésor américain à 10 ans se négocie dans une fourchette de 3 à 3,5% au cours des prochains mois.
Persistance de politiques protectionnistes
Concernant le comportement des États-Unis en matière de commerce international, l'impact des élections est moins évident, étant donné que Trump peut encore prendre des décisions en matière de politique étrangère et appliquer de nouvelles sanctions ou de nouveaux tarifs douaniers sans avoir besoin de l'approbation de la Chambre. La mise en œuvre des tarifs douaniers n'a pas encore eu d'impact majeur sur l'économie mondiale, et nos indicateurs avancés suggèrent que le commerce mondial continuera à croître régulièrement au cours des trois ou quatre prochains mois. En l'état actuel des choses, les exportations mondiales augmentent d'environ 4% par an, ce qui correspond à la moyenne à long terme.
Reste à savoir si les droits de douane américains prévus à l'importation, qui, s'ils sont intégralement appliqués, pourraient ramener les droits à l'importation américains aux niveaux des années 1950 (voir graphique ci-dessous), laisseront l'économie mondiale indemne de toute incidence. À plus long terme, ce qui compte vraiment, c'est la poursuite des investissements en capital.
Deux acclamations pour les marchés émergents ; les actions sont prêtes pour la relance post-électorale
Les élections américaines passées, certaines des préoccupations qui retenaient les investisseurs en actions ont disparu de l'horizon. Historiquement, la période qui a suivi immédiatement les élections de mi-mandat a été particulièrement favorable aux actions. Cette tendance et le fait que les valorisations des actions mondiales ont fortement chuté en octobre donnent à penser que les marchés boursiers pourraient connaître une saine reprise avant la fin de l'année. Les valeurs cycliques telles que les valeurs industrielles pourraient en bénéficier plus fortement.
Les actifs des marchés émergents pourraient également connaître un retournement de tendance positif.
Les actions, les obligations et les devises des pays en développement ont été durement touchées en 2018 en raison de l'appréciation du dollar, de la hausse des taux d'intérêt américains et des différends commerciaux qui ont pesé sur les investisseurs. Les élections de mi-mandat pourraient apporter un certain soulagement. Si, comme nous le prévoyons, la croissance de l'économie américaine ralentit pour atteindre des niveaux plus soutenables, le risque d'une nouvelle hausse du dollar et des rendements obligataires américains diminue.
La situation est moins claire en ce qui concerne le commerce mondial – même si les exportations se sont jusqu'à présent montrées résistantes face aux droits de douane américains sur les importations, le président Trump ne devrait pas se heurter à de nouveaux obstacles dans la poursuite de sa politique "America First".