par Valentijn van Nieuwenhuijzen, Directeur de la stratégie chez ING Investment Management
Il est évident que des nuages sombres sont toujours présents à l’horizon pour l’économie mondiale. La crise de l’euro est toujours susceptible de se muer en une menace existentielle pour le système économique de la zone euro, avec des répercussions très déstabilisantes pour le système financier du reste du monde.
En outre, des incertitudes substantielles entourent encore les perspectives en matière de politique budgétaire aux États-Unis, où la récente diminution des taxes sur le travail et les différentes initiatives en faveur de l’emploi doivent encore être prolongées pour le reste de l’année. Par ailleurs, un resserrement budgétaire marqué peut être attendu au début de l’année prochaine, à moins que des modifications supplémentaires soient apportées à la politique budgétaire avant la fin de 2012.
Entre-temps, la faiblesse du marché immobilier chinois et les tensions géopolitiques croissantes liées au programme nucléaire iranien alimentent les risques de nouveaux chocs pour une économie mondiale toujours caractérisée par d’importants déséquilibres.
Parallèlement, il convient de reconnaître que quelques rayons de lumière ont filtré entre les nuages au cours des deux derniers mois. Le sentiment du marché s’est amélioré et les tensions sur les marchés obligataires des pays périphériques de la zone euro se sont largement apaisées. Deux facteurs clés semblent responsables de cette dynamique : une réduction significative du risque d’une crise de liquidité à court terme en Europe et les premiers signes indiquant que le cycle économique mondiale est passé d’un accès de faiblesse à une phase de redressement.
Les craintes des investisseurs relatives à une éventuelle pénurie de financement pour les banques et les gouvernements européens au premier trimestre de 2012 ont été apaisées par l’opération de liquidité à trois ans de la BCE à la fin de l’année passée, laquelle sera suivie par une seconde à la fin du mois de février. Ceci a non seulement permis aux banques de se financer, mais a aussi créé l’opportunité d’utiliser une partie des fonds obtenus pour investir sur les marchés obligataires périphériques en vue de profiter de leur différentiel de taux. Le résultat le plus surprenant de l’opération est sans doute la mesure dans laquelle elle a permis une baisse des taux obligataires italiens, espagnols et irlandais au cours de ces dernières semaines.
Par ailleurs, elle a peut-être incité d’autres banques centrales à rouvrir leur robinet monétaire car la Fed et la Banque d’Angleterre ont récemment évoqué la possibilité de nouvelles mesures d’assouplissement quantitatif, tandis que la banque centrale chinoise a annoncé qu’elle recherchait une façon de faciliter les crédits pour les candidats acheteurs d’une première habitation.
L’amélioration des perspectives de croissance a parallèlement joué un rôle majeur. On a ainsi observé les premiers signes indiquant que les acteurs de l’économie mondiale disposant d’une épargne excédentaire ont finalement commencé à contribuer à un rééquilibrage global car la demande de consommation a fait preuve d’une résistance remarquable en Allemagne et dans de nombreuses économies émergentes au cours des derniers mois. La hausse des intentions de recrutement et d’investissement des entreprises, en particulier aux États-Unis, a également joué un rôle important dans ce cadre. Cette amélioration s’est notamment traduite par un renforcement du redressement sur le marché de l’emploi américain.
La combinaison de ces dynamiques macroéconomiques a conduit à une large hausse des indices mondiaux des directeurs d’achats au cours des deux derniers mois. L’amélioration a été perceptible dans de nombreux secteurs (industrie et services) et de nombreuses régions (même dans la zone euro), ce qui a accru la confiance dans une reprise plus durable. Des perspectives de croissance moins négatives n’améliorent pas seulement les perspectives de revenus pour les sociétés, les ménages et les gouvernements, mais rendent également les dettes plus gérables.
Par conséquent, même si les investisseurs se focalisent encore sur les nuages à l’horizon, il est compréhensible qu’un nouvel espoir commence prudemment à germer dans leur esprit. Le nouvel espoir que notre système économique fragile n’est pas nécessairement uniquement entouré de risques baissiers et les rayons de soleil qui ont commencé occasionnellement à réchauffer nos visages devraient nous rappeler que les périodes d’incertitudes créent également des opportunités pour les marchés. Exploiter ces opportunités doit toujours se faire de façon équilibrée, mais nous estimons que pour la première fois depuis début avril 2011, la balance penche clairement en faveur des actions (en comparaison des autres classes d’actifs). Espérons que la part positive des attentes des marchés durera plus longtemps que ce que nombre de personnes considéraient comme possible au début de l’année !