par Sébastien Galy, Macro Stratégiste Senior chez Nordea Asset Management
Christine Lagarde et Ursula von der Leyen ont été nommées respectivement à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne, ce qui se traduira par une féminisation des institutions de l’Union européenne. Il s’agit de deux excellentes candidates, reconnues pour leur capacité à former des coalitions. Chacune devrait marquer l'Europe de son empreinte.
Christine Lagarde a été un pilier de la stabilité tout au long de sa carrière. Ministre des gouvernements de François Fillon, elle a œuvré dans divers domaines allant de l'économie à l'agriculture, en favorisant toujours un discours d'ouverture. En tant qu'avocate spécialisée dans le droit du travail, elle a défendu cette cause sans parti pris politique de droite ou de gauche. Au cours des négociations sur le plan de sauvetage européen, elle s’est tenue fidèlement à la position du FMI en se plaçant clairement dans les camps des « faucons ». Pour autant, elle a également adopté une position plus ouverte avec l'Argentine. Elle sera donc certainement considérée comme créatrice de consensus en sachant s’adapter à chaque situation. Elle devrait se montrer favorable à une politique monétaire plus accommodante dans un premier temps, comme cela semble évident dans l’actuel contexte de ralentissement économique et de faible inflation. Au fur et à mesure que la situation s'inversera, sa position pourra évoluer en passant d’une position de « colombe » à celle de « faucon ». Compte tenu de la réticence de l'administration américaine, le recours à des taux d'intérêt plus bas en Europe devrait rester modéré.
Ursula von der Leyen est réputée pour sa capacité à régler les dossiers sur lesquels elle est mobilisée. Depuis 2005, elle est membre du gouvernement d’Angela Merkel et occupe le poste de ministre de la Défense depuis 2013. Son appartenance au milieu diplomatique depuis sa jeunesse et sa parfaite maîtrise du français devraient lui être très utiles. Sa formation de médecin devrait l’aider à formuler les bons diagnostics pour résoudre les problèmes. Sa carrière de professeure lui a permis de gérer et diriger de vastes groupes de personnes, ce qui s’est vu au sein du Parti populaire européen où elle a dirigé le groupe des ministres de la Défense. Politiquement, elle appartient à la CDU, qui est un parti de centre-droit. Sa nomination, cependant, n’est pas encore certaine car elle doit être approuvée par le Parlement européen.
Il s’agit d’un moment unique dans l’histoire de l’Europe, car il n’y a finalement pas une mais deux femmes candidates à la tête de la BCE et de la Commission. Cette orientation s’inscrit dans un changement au sommet des institutions européennes, où s’observe plus globalement un changement d'attitudes à l'égard de la diversité des sexes et du changement climatique.