par César Pérez Ruiz, Responsable des Investissements et CIO chez Pictet Wealth Management
Accusé d’abus de pouvoir et d’obstruction au Congrès par la majorité démocrate de la Chambre des représentants, Donald Trump est devenu la semaine dernière le troisième président de l’histoire des Etats-Unis visé par un procès en destitution. Dès que Nancy Pelosi, présidente de la Chambre basse, aura officiellement présenté l’acte de mise en accusation au Sénat, le procès qui décidera du maintien ou non de Donald Trump à la Maison-Blanche pourra commencer. Compte tenu de la nature bipartite de la politique américaine, il y a peu de chances de voir le Sénat, à majorité républicaine, approuver la destitution. La procédure pourrait même, au final, pénaliser la candidature de Joe Biden à l’investiture démocrate, le nom de son fils étant associé à l’enquête.
L’année qui s’achève a été un millésime exceptionnel pour les actions des marchés développés, avec à la clé des gains de près de 30% aux Etats-Unis et en Europe malgré une croissance stable des bénéfices. Parmi les grandes classes d’actifs, seul le pétrole brut a généré des rendements supérieurs (+35% environ au 19 décembre). La volatilité est retombée à ses bas niveaux. Après avoir fortement chuté début 2018, les fonds indiciels tablant sur une baisse de la volatilité ont terminé l’année 2019 en hausse de 65%. A l’inverse de 2018, où les marchés s’étaient repliés malgré une progression des bénéfices, les indices boursiers ont atteint cette année de nouveaux sommets en dépit d’une croissance quasiment nulle des profits. L’actualité a continué de dicter l’évolution des marchés en 2019. La semaine dernière, Boris Johnson a profité de son tout nouveau mandat pour introduire dans la loi sur le Brexit une disposition visant à interdire toute prolongation de la période de transition au-delà du délai fixé à fin décembre 2020. La livre sterling a alors perdu tout le terrain gagné dans le sillage des élections, en raison d’un retour des craintes concernant un Brexit sans accord. Boris Johnson a par ailleurs annoncé qu’il ne se rendrait pas à Davos en janvier. Par conséquent, nous préférons miser sur le Royaume-Uni par le biais des actions, plutôt que des obligations ou de la livre.
Les banques centrales de Norvège et de Suède ont tenu leur dernière réunion de l’année. Alors que la Norges Bank a gardé ses taux d’intérêt inchangés et n’a manifesté aucune velléité de relèvement, la Riksbank a ramené son principal taux de refinancement (repo) à zéro, après l’avoir maintenu pendant cinq ans en territoire négatif, et devrait le laisser à ce niveau au cours des années à venir. Enfin, les indicateurs macroéconomiques, dont les indices des directeurs d’achats et l’indice IFO du climat des affaires, ont légèrement progressé ces derniers jours, entraînant les obligations à la hausse. Les courbes des taux des emprunts d’Etat américains et allemands se sont fortement raidies sur la partie 10-2 ans et la partie 10 ans-3 mois; de fait, il faut remonter au premier semestre 2019, voire plus loin, pour retrouver de tels niveaux. Dans ce contexte, nous affichons un positionnement court en termes de duration en Europe et privilégions les positions de pentification.