par Philippe Delienne, président de Convictions AM, et Alexandre Hezez, responsable de la gestion
La dette souveraine grecque a continué d’alimenter les rumeurs tout au long du mois d’avril entre restructuration et rééchelonnement. Les taux d’emprunt de l’Etat grec ont grimpé jusqu’à 22% pour les échéances à 2 ans et à 15% pour les échéances à 10 ans, signe que le marché a déjà intégré un prochain réaménagement de la dette hellénique.
C’est le Ministre allemand de l’Economie, Wolfgang Schaüble, qui a mis le feu aux poudres en déclarant le 15 avril au journal allemand Die Welt que si la situation économique de la Grèce ne s’améliorait pas, il faudrait envisager de nouvelles mesures et que l’hypothèse d’un allègement de la dette n’était pas à exclure. Depuis, plusieurs déclarations de l’entourage d’Angela Merkel ont été dans le même sens.
La nervosité qui s’est déclenchée sur la Grèce a suivi de peu la demande d’aide d’urgence du Portugal auprès de l’Union européenne et du FMI le 7 avril dernier. Désormais les yeux sont rivés sur l’Espagne et les taux d’émission de sa dette souveraine, pour détecter le moindre signal de contagion qui pour l’heure ne s’est pas manifestée. Mais les problèmes budgétaires ne concernent pas que l’Europe. L’agence d’évaluation financière Standard & Poor’s a levé le voile sur la situation américaine en abaissant de stable à négative la perspective de la note des Etats-Unis. Pour Standard & Poor’s les motifs sont clairs : déficit très important, endettement croissant et méthodes jugées floues pour remédier à cette situation. Cette décision sur la perspective a certes secoué les marchés financiers mais comme le rappelle Standard & Poor’s, il existe au moins une probabilité d’un tiers qu’elle dégrade la note des Etats-Unis dans les deux ans.
Dans un univers toujours risqué les marchés actions se sont montrés volatiles dans les pays développés, passant de brusques phases de baisse à de fortes hausses. Seul le Nikkeï s’est stabilisé au plus bas, les conséquences économiques du tremblement de terre qui a ravagé le Nord-est du Japon et celles de l’accident nucléaire de Fukushima après le tsunami n’ayant pas encore été précisément évaluées. Dans les pays émergents, c’est davantage l’inflation et les resserrements monétaires qu’elle suscite qui ont pesé sur les indices boursiers. Le Brésil souffre ainsi de l’évaluation constante de sa devise tandis que l’on a observé un rebond de la bourse indienne.
Sur le marché des changes, le dollar a poursuivi sa baisse vis-à-vis de l’ensemble des devises avec un recul marqué de la parité euro-dollar. La résurgence des risques au sein de la zone euro n’a pas fait jouer au billet vert son rôle de valeur refuge traditionnel. En l’absence d’anticipation d’un tour de vis monétaire aux Etats-Unis alors que la Banque Centrale Européenne a relevé son taux directeur de 0,25 point, le dollar est prisé pour les opérations de carry trade qui consistent à emprunter dans une devise à faible taux d’intérêt pour investir ensuite dans des produits à meilleur rendement. Enfin, les calculs de l’OCDE pour évaluer la parité de pouvoir d’achat (PPA) aboutissent à 1 dollar pour 1,25 euro comme niveau d’équilibre contre 1,15 en 2005.
Le tremblement de terre au Japon, les tensions en Europe, les mouvements protestataires au Moyen-Orient, la guerre civile en Libye ont propulsé les matières premières à la hausse, avec un rebond important des prix de l’énergie. Dans un contexte pour le moins agité les taux sont restés stables aux Etats-Unis et se sont repliés en Allemagne après le relèvement des taux par la BCE.