Etats-Unis : La bourse ou la vie ?

par Hélène Baudchon et Laure Nguyen, économistes au Crédit Agricole

  • Variation nulle des dépenses nominales de consommation mais hausse de 0,2% du revenu disponible au mois de mai.
  • Poursuite de la dégradation de l’enquête de confiance des consommateurs du Conference Board au mois de juin.
  • Baisse de seulement 0,1% sur le mois d’avril de l’indice S&P Case-Shiller des prix immobiliers sur 20 villes.

 

Malgré la progression de 0,2% du revenu disponible des ménages, leurs dépenses nominales de consommation n’ont pas progressé en mai. Compte tenu des craintes actuelles sur la croissance, il n’est pas surprenant de voir ainsi (légèrement) remonter le taux d’épargne (de 4,9 à 5%) pour la première fois de l’année. La progression des achats de services (+0,4%) a tout juste permis de compenser la baisse des dépenses en biens durables (-1,5%) et non durables (-0,3%). Le net recul des biens durables s’explique en grande partie par la baisse des ventes automobiles, attribuable aux perturbations dans la chaîne de production suite aux évènements tragiques survenus au Japon. Le déflateur implicite de la consommation hors énergie et alimentation a progressé de 0,3% sur le mois, ce qui porte à 1,2% l’inflation sous-jacente en glissement annuel, un chiffre encore très en-deçà de la zone de confort de la Fed mais qui s’en rapproche à bonne vitesse. Le déflateur global a progressé un peu moins vite sur le mois (+0,2%) mais tout de même plus vite que la consommation, qui accuse, en termes réels, un deuxième repli consécutif (de 0,1%). Au final, même si un mieux important est attendu en juin, la croissance réelle de la consommation devrait progresser de seulement 1,5% d’après nous au second trimestre, après +2,2% au premier et +4% au quatrième trimestre 2010 (rythmes annualisés).

L’indice de confiance des consommateurs publié par le Conference Board s’est de nouveau replié en juin, passant de 61,7 à 58,5. Cette nouvelle baisse de moral a été entraînée dans une large mesure par la dégradation des anticipations. La baisse récente des marchés actions l’a semble-t-il emporté sur celle du prix de l’essence (qui a toutefois sans doute permis d’amortir le recul de la confiance). L’enquête révèle également un jugement plus pessimiste des ménages sur la situation présente, attribuable aux dernières évolutions moins favorables du côté du marché du travail. Le pourcentage de ménages décrivant les emplois comme abondants a ainsi légèrement baissé (de 5,7 à 5,2%) tandis que ceux qui les jugent difficiles à trouver est légèrement remonté, de 43,5 à 43,8%. Au final, même si la confiance est réputée avancée, sa faiblesse persistante est probablement plus la conséquence de la faiblesse de l’activité que sa cause. C’est un point rassurant en soi, car la dissipation des facteurs provisoires à l’origine du ralentissement actuel devrait s’accompagner d’un redressement de la confiance des ménages dans les mois à venir.

L’indice –de prix immobiliers S&P Case-Shiller composite sur 20 villes n’a baissé que de 0,1% au mois d’avril (cvs). Compte tenu cependant d’effets de base défavorables (les prix étaient en hausse à la même époque l’année dernière), leur baisse sur un an accéléère légèrement de 3,8 à 4%, une évolution en ligne avec celle du ratio stock sur ventes. En dehors de ce signal en apparence négatif, les nouvelles sont plutôt encourageantes et pointent, d’après nous, vers une fin proche de cette phase de rechute des prix. Ce serait l’issue logique du ralentissement sensible du rythme de baisse des prix au mois le mois depuis l’été dernier. De plus, non CVS, l’indice a enregistré sa première hausse depuis juillet dernier (+0,7%). L’arrêt de la baisse des prix est une bonne nouvelle à de nombreux égards. En particulier, elle signifie le retour des acheteurs potentiels, moins dissuadés d’investir par crainte d’une moins-value. Mais il y a un revers à la médaille car les vendeurs sont aussi incités à (re)mettre leurs biens sur le marché, freinant ce faisant son rééquilibrage. Au final, la direction est bonne mais le chemin qui reste à parcourir vers une reprise significative est long.

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