par Caroline Newhouse, économiste chez BNP Paribas
Nous évoquons, dans les lignes qui suivent, les principaux évènements qui font et feront l’actualité économique et financière de l’été.
Aux Etats-Unis, la publication du PIB du deuxième trimestre a confirmé que l’économie peinait encore à sortir de la crise. Après 0,4% t/t en rythme annualisé au T1 (contre 1,9% avant révision), le PIB a progressé de 1,3% au T2. En outre, la consommation des ménages a freiné de manière marquée au trimestre dernier, restant quasiment inchangée sur la période (+0,1%, sa plus faible progression depuis T2 2009).
Mais le vrai suspense est ailleurs. Faute d’accord du Congrès sur le relèvement du plafond de la dette (14 294 milliards de dollars), les Etats-Unis pourraient se retrouver dès le 2 août en défaut de paiement. Une situation inenvisageable, qui ne pourrait être évitée que par le recours à des stratagèmes législatifs hasardeux (invocation du 14ème amendement de la Constitution, accord tacite avec une partie de l’aile républicaine pour voter contre le relèvement du plafond, ouvrant la possibilité d’un véto présidentiel…).
La solution, quelle qu’elle soit, pourrait ne pas satisfaire les agences de notation. Au-delà du relèvement du plafond de la dette, Standard & Poor’s conditionne le maintien de sa note AAA à l’engagement d’un programme d’économies substantielles sur dix ans, de l’ordre de 4 000 milliards de dollars. Or, selon les dernières évaluations du Congressional Budget Office, les propositions actuellement sur la table reviendraient à réduire le déficit de seulement 915 milliards de dollars. Un abaissement de la note américaine aurait des conséquences incalculables, au sens littéral du terme. A ce jour, la Réserve fédérale des Etats- Unis n’a donné aucune indication quant aux mesures de soutien au marché monétaire que nécessiterait le délestage, par les money market mutual funds, d’une partie de leur portefeuille de Treasuries. Les primes de CDS sur la dette courte américaine s’envolent et mieux vaut donc un accord au Congrès, et un plan crédible de réduction des déficits.
En début de mois prochain, la publication des premières enquêtes PMI des directeurs d’achats pour juillet dans le secteur manufacturier et les services puis, une semaine plus tard, des enquêtes des Feds régionales pour août indiquera la tendance de l’activité au début du troisième trimestre. Le ralentissement devrait se confirmer. La réunion de la Fed entérinera ce scénario. Selon le Beige Book qui couvre la période allant jusqu’à la mi- juillet, la croissance a continué de baisser au début du troisième trimestre. L’activité a encore ralenti dans le secteur manufacturier, et les entreprises ont fait preuve d’une prudence accrue lorsqu’il est question d’investissement. La Fed devrait, par conséquent, conserver toutes ses marges de manœuvre disponibles au cas où une détérioration supplémentaire de l’activité et du marché du travail adviendrait.
Dans la zone euro, la soutenabilité à moyen terme de la dette grecque paraît mieux assurée grâce au nouveau plan d’aide européen. Les investisseurs porteront alors à nouveau leur attention sur la conjoncture économique. La publication des PIB nationaux et de celui de la zone euro dans son ensemble soulignera le ralentissement de l’activité déjà en vigueur au deuxième trimestre. Depuis, le tassement de la croissance s’est poursuivi, et l’essoufflement est plus rapide que prévu. Il en est pour preuve les enquêtes PMI pour juillet. L’indice composite d’activité a accusé sa plus forte baisse depuis novembre 2008 (-2,5 points). A 50,8, il est désormais très proche du seuil de 50 qui indique une stagnation de l'activité. Cette évolution pourrait conduire la BCE à adopter une attitude prudente et repousser sa prochaine hausse des taux à la fin de l’année.
Au Royaume-Uni, la première estimation du PIB du T2 a montré une croissance anémique, +0,2% t/t après 0,5% au T1 2011. L’acquis de croissance pour 2011 était de 0,7% au deuxième trimestre. Dans ces conditions, à l’occasion de la publication de son prochain Rapport sur l’Inflation, la Banque d’Angleterre devrait à nouveau revoir à la baisse ses prévisions de croissance, fixées pour cette année à 1,7% en mai dernier après 2% en février. Cette modification permettra d’autant de légitimer le statu quo monétaire actuel. Par ailleurs, le ralentissement de l’activité menace le rythme actuel de consolidation des finances publiques. D’une part, adopter un objectif moins ambitieux de réduction des déséquilibres budgétaires, compte tenu du ralentissement économique, pourrait entraîner un abaissement de la note souveraine du Royaume-Uni par les agences de notation. D’autre part, le maintien du rythme actuel de consolidation devrait entraîner un affaiblissement supplémentaire de la croissance économique, au moins à court terme.
Enfin au Japon, la reprise a commencé à se faire sentir dès mai, pour prendre de l’ampleur les mois suivants. Il faut reconstruire les capacités de production et les infrastructures dévastées par le grand tremblement de terre. Ainsi la dernière enquête auprès des acteurs économiques a-t-elle indiqué une amélioration marquée des conditions courantes pour les entreprises produisant des biens de consommation et des biens intermédiaires. Les indices de diffusion relatifs ont même dépassé, en juin, les niveaux atteints avant le grand tremblement de terre. La publication de la première estimation du PIB du T2 ne témoignera, toutefois, pas encore de ce rebond de l’activité. La croissance devrait s’être contractée de près de 0,5% t/t, après -0,9% au premier trimestre. En revanche, la reprise sera visible au deuxième semestre. Pour l’ensemble de l’année, le PIB reculerait toutefois de près de 1%.