par Philippe Delienne, Président de Convictions AM
Le nouveau plan de soutien à la Grèce et le relèvement du plafond de la dette américaine avec le 2 août comme date butoir, ont focalisé l’attention des marchés tout au long du mois de juillet. Les atermoiements européens et le blocage entre Démocrates et Républicains aux Etats-Unis ont ravivé les inquiétudes sur la capacité de l’Europe à maîtriser la crise de la dette et celle des Etats-Unis à sceller un accord politique pour éviter de se retrouver en situation de défaut de paiement.
Les chefs d’Etat de la zone euro sont parvenus à un accord le 21 juillet tandis que les Républicains et les Démocrates ont adopté un compromis le 1er août qui autorise le relèvement du plafond de la dette en deux étapes accompagné d’une diminution des dépenses de 2100 milliards de dollars étalée sur 10 ans.
Mais cet accord in extremis n’a pas suffit à convaincre l’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s. Elle a dès le vendredi 4 août, après la fermeture des marchés américains, annoncé la dégradation de la note souveraine américaine à long terme, qui est passée de AAA à AA+, assortie d’une perspective négative. Les plans européen et américain n’avaient guère convaincu, mais la décision de S&P a retenti comme un coup de tonnerre.
Tout au long du week-end qui a suivi les banquiers centraux, les pays membres du G7 et du G20 ont enchainé les rencontres et les conférences call pour rassurer les marchés et tenter d’éviter un krach boursier. La Banque centrale européenne (BCE) a décidé de racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire sans préciser qu’elle en serait le montant ni les pays concernés.
Dans un environnement chaotique tout au long du mois de juillet les marchés actions ont marqué le pas.
Dans les pays développés où l’on avait enregistré une hausse des indices boursiers l’élan a été cassé. Et si l’on assiste à des rebonds, la tendance reste baissière.
Dans les pays émergents, l’inflation a eu un impact négatif sur les marchés actions.
Sur le marché des changes, les conséquences de l’incertitude régnant aux Etats-Unis ont été importantes pour le dollar.
Après avoir légèrement augmenté vis-à- vis de l’euro, la devise américaine a reflué à mesure que la défiance des investisseurs augmentait sur les chances d’un compromis entre Républicains et Démocrates sur le montant de la diminution des dépenses budgétaires sur une durée de dix ans, ouvrant la voie à un vote positif du Congrès sur le relèvement du plafond de la dette.
L’euro qui avait pâti des dissensions entre les Etats membres de la zone euro avant d’aboutir à un accord sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce est parvenu à un plancher. De son côté, le yuan a continué à s’apprécier régulièrement comme il le fait depuis un an.
Aux Etats-Unis les taux réels sont demeurés à un niveau très bas et sont presque négatifs sur les emprunts à dix ans. En Allemagne, le rendement du bund a oscillé entre 3,02 % et 2,64 % témoignant de la confiance des marchés sur l’économie outre-Rhin et du rôle d’investissement refuge de la dette souveraine du pays en période de risques. Signe d’un début de contagion des pays périphériques fragilisés, les taux de rémunération des titres d’Etat, italiens et espagnols, à 10 ans se sont rapprochés dangereusement de la barre des 6%. Or depuis le début de la crise de la dette en Europe, le dépassement de ce seuil marque le début d’une hausse des taux d’emprunt incontrôlable par la suite.
Dans un univers pour le moins instable, les actifs comme l’or, le franc suisse ou le yen ont battu des records de hausse. L’once d’or a inscrit en juillet un record à 1631 dollars l’once et s’est envolée à plus de 1700 dollars après l’abaissement de la note des Etats-Unis.