par Franck Nicolas, Directeur de l'allocation globale et ALM de Natixis AM
Comme cela avait déjà largement été anticipé, la notation de la France a été dégradée dès le début de l’année. Les conséquences sont mesurées pour le moment. Les inquiétudes se sont rapidement portées sur le cas de la Grèce, dont le défaut organisé voire la mise sous tutelle sont long à se mettre en place, et sur le Portugal, qui est de loin le prochain pays en situation particulièrement délicate.
L’adoption d’un nouveau pacte budgétaire européen, fortement inspiré par l’Allemagne, a poussé 25 des 27 pays membres de l’Union européenne à inscrire dans leur législation la fameuse règle d’or sur le retour à l’équilibre budgétaire, assortie de sanctions quasi automatiques en cas de violation de cet engagement. Cette perspective permet d’espérer un changement de perception plus rapide sur la situation de la zone euro. en parallèle, la bonne tenue de l’économie américaine, même si la croissance sera certainement plus que modérée sur l’année, comme des inflexions probables de politique monétaire dans les émergents si l’inflation continue de ralentir, devraient parachever un regain de confiance dans l’avenir qui était sérieusement entamé depuis plusieurs mois.
Taux
Le contexte monétaire reste toujours aussi accommodant. La Réserve fédérale américaine a annoncé que ses taux demeureront bas probablement jusqu’en 2014. Elle procèdera à un ciblage quantitatif d’inflation correspondant à un objectif explicite d’atteinte d’une inflation compatible avec un niveau d’activité plus conforme au potentiel de croissance de long terme du pays. En même temps, l’austérité budgétaire sera de mise partout et le contexte “ultra-keynésien” de 2009 semble déjà très loin. Malgré tout, si l’environnement macro financier s’améliore progressivement, comme nous le pensons possible, les choix obligataires dans les portefeuilles devraient lentement déserter les actifs core (obligations allemandes à long terme) pour s’orienter vers plus de diversification (crédit corporate voire des financières plus tard, dette émergente, obligations convertibles, un retour possiblement sur l’Italie ou l’Espagne).
Actions
Le début d’année témoigne que l’ensemble des mauvaises nouvelles semble déjà intégré dans les cours. L’année pourrait être mieux orientée, même si l’absence d’investisseurs de long terme handicapera certainement encore un temps une reprise plus franche des marchés. Les attentes de résultats demeurent raisonnables, et, même si le haut niveau de marge pourrait décliner un peu, une extension progressive des chiffres d’affaires pourrait soutenir la capacité bénéficiaire des entreprises cotées cette année. Les choix de Natixis Asset Management continuent de se porter sur les actions américaines pour le moment, qui présentent un potentiel de résistance supplémentaire. Toutefois, il est à noter que l’exposition actions est passée de sous-pondérée à neutre puis faiblement sur-pondérée sur quelques semaines, et qu’une repondération des zones en retard (euro, Europe, actions émergentes) est programmée dans le courant du trimestre si l’environnement montre toujours autant de visibilité.
Devises
L’euro s’est un peu repris, signe que l’aversion pour le risque s’est assouplie. Pour le reste, Natixis Asset Management est dans l’ensemble un peu moins exposé aux devises émergentes, qui pourraient marquer une pause si les politiques monétaires se détendent un peu dans ces zones.
Matières premières
Il est encore un peu tôt pour investir dans les matières premières en dehors de l’or. Néanmoins, les prix des matières premières cycliques sont toujours élevés, signe que la demande n’a pas trop faiblie dans une phase un peu atone du cycle économique. On peut donc penser qu’un redémarrage assez vif des cours pourrait rapidement s’installer si une inflexion cyclique même mesurée se produisait.