par Paola Monperrus-Veroni, économiste au Crédit Agricole
• Le repli de l’indice PMI des directeurs d’achats dans la zone euro en février signale la persistante défiance des agents, après les décisions de politique économique ayant quelque peu rassuré les marchés.
• Après le recul du PIB en fin d’année la Commission européenne revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour la zone euro en 2012.
• La poursuite du redressement des indices Ifo et ZEW pour l’économie allemande relativise la baisse de l’indice PMI.
• Mais la composition de la croissance du PIB allemand au quatrième trimestre 2011 mon- tre un coup d’arrêt de toutes les composan- tes à l’exception de l’investissement en construction.
• Si les dernières décisions des autorités européennes ont quelque peu dissipé le risque d’une propagation de la crise de la dette souveraine, les récentes tensions sur le prix du pétrole et la résistance à la baisse de l’euro continuent de faire peser un risque baissier à notre prévision.
Certes, la réaction des marchés aux nouvelles injections de liquidité de la part de la BCE et à l’accord sur le nouveau plan de sauvetage grec a été positive, réduisant l’incertitude sur la capacité de financement des États italien et espagnol et endiguant ainsi le risque d’une propagation de la crise de la dette souveraine.
Cependant la confiance des agents tarde à se rétablir dans la zone euro. En février, la baisse de l’indice PMI des directeurs d’achats a surpris après trois mois de reprise et montre l’extrême prudence des opinions des entreprises en ce début- d’année. L’amélioration en janvier de l’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne s’était montrée encore fragile sur fond de stagnation de la confiance dans l’industrie et d’un pessimisme accru sur l’état des commandes.
Et bien que les carnets de commandes se soient étoffés en décembre 2011, ils étaient encore en forte contraction en moyenne au dernier trimestre, anticipant une faible activité en début d’année.
La Commission européenne a pris acte de ces évolutions et a abaissé ses prévisions de croissance pour la zone euro de +0,8% à -0,3% en 2012, prévoyant une diffusion de la récession à des grandes économies telles que l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas.
Allemagne : une île heureuse ?
Un cas à part dans ce cadre morose est constitué par l’économie allemande, où l’indice Ifo du climat des affaires poursuit sa hausse en février pour le quatrième mois consécutif, signalant une amélioration de la confiance et des perspectives dans tous les secteurs.
Il rejoint donc la spectaculaire remontée de l’indice ZEW qui, après trois mois de redressement, retrouve son niveau d’avant l’été. Ces évolutions ne sont pas en contradiction avec l’indice PMI allemand, qui bien que s’inscrivant en baisse en février, marque une nette amélioration en moyenne sur les trois derniers mois.
L’économie allemande semble donc sortir de la récession qui a caractérisé le dernier trimestre 2011, avec un recul de son PIB de 0,2%. Mais les informations sur la croissance en fin d’année suggèrent une certaine prudence, car toutes les composantes du PIB, ont marqué un net coup d’arrêt. L’investissement productif ne progresse plus (0% t/t), la consommation des ménages recule (-0,2% t/t). Seule la consommation publique (+0,1% t/t) et l’investissement en bâtiment (+1,9%t/t) progressent. Sous l’effet d’une demande intérieure en berne, les importations reculent (-0,3% t/t), limitant quelque peu la contribution négative du commerce extérieur sous l’effet de la chute des exportations (-0,8%t/t). La contribution des stocks se normalise (0%), après son apport fortement négatif à la croissance au troisième trimestre 2011.
En l’absence d’indicateurs quantitatifs d’activité au premier trimestre et sur la base des informations fournies par notre indicateur avancé, nous maintenons donc une prévision de léger repli de l’économie allemande au premier trimestre 2012 (-0,1%) et de faible croissance (à 0,6%) pour l’année en cours.
Zone euro : un risque encore orienté à la baisse
Pas de quoi réellement soutenir la croissance de la zone euro, qui connaîtra un deuxième trimestre de recul en début d’année (-0,2% t/t) et une faible récession sur l’année 2012 (-0,2%). Sur nos prévisions pèse encore un risque baissier lié à l’incertitude croissante, quant aux deux facteurs qui auraient pu soutenir la croissance. D’un côté, le ralentissement de l’inflation risque d’être remis en cause par l’accélération des prix du pétrole. De l’autre, la résistance à la baisse de la parité de l’euro, en déconnexion avec l’état de la croissance des deux côtés de l’Atlantique, limite les gains de compétitivité qui auraient pu en partie compenser l’impact négatif du ralentissement de la demande mondiale sur les exportations de la zone euro.
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