L’été des nouveaux records sur les marchés de Taux

par Gaëlle Malléjac, Directrice de la Gestion Taux chez Groupama AM

Tous les taux ont connu un mouvement de baisse au cours de la période estivale, qui les a entrainés vers de nouveaux points bas historiques. Parmi les niveaux les plus emblématiques, on retiendra un Eonia qui a fixé pour la première fois en territoire négatif et un taux 10 ans allemand sous les 1 %. Les facteurs qui ont favorisé un tel mouvement sont multiples. D’un point de vue fondamental, on mettra en avant la faiblesse des statistiques économiques en zone euro. L’inflation, quant à elle, n’a cessé de casser des points bas depuis un an, entraînant avec elle les inquiétudes du marché sur le risque déflationniste, la baisse des anticipations d’inflation que les annonces de la BCE n’ont pas réussi à apaiser.

Par ailleurs, la demande pour les actifs de qualité est restée vive, demande alimentée pour des besoins réglementaires et de risque géopolitique prégnant.
A court terme, les facteurs fondamentaux, propres à la zone euro, militent pour le maintien des taux sur de bas niveaux, la croissance de la zone est vulnérable et les risques pesant sur la croissance en zone euro sont plutôt orientés à la baisse. L’inflation, déjà très faible, le restera, et ce plus longtemps que prévue. Les mesures annoncées par la BCE sont très favorables à l’abondance de liquidités, elles n’écartent toutefois pas définitivement le risque de déflation en zone euro pour les investisseurs. Un rebond pérenne des anticipations d’inflation ne nous semble donc pas envisageable à ce stade, sans surprise positive du côté des prochaines publications d’inflation.

Ce sont les facteurs exogènes aux fondamentaux de la zone euro tels que la baisse du risque géopolitique (avancées sur le cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine en particulier) ou la hausse des taux américains qui sont de nature à créer des tensions sur les taux cœur de la zone. Les taux de la zone euro devraient rester contenus dans les semaines à venir.

Du côté des dettes périphériques, les dernières mesures annoncées par la BCE sont favorables. Le risque de contagion des problématiques d’indépendance de l’Écosse vers la Catalogne nous parait temporaire et limité. Leurs primes de risques des dettes périphériques devraient donc continuer à se resserrer.

Crédit

L’été n’a pas été meurtrier pour le crédit, en dépit de la montée du risque au cours de la période, risque spécifique avec la faillite de la banque portugaise Banco Espirito Santo, hausse du risque géopolitique, sorties massives des fonds à haut rendement, principalement aux États-Unis, et absence de liquidité sur le marché en cette saison estivale. Le marché affiche une surperformance sur les deux derniers mois, à la faveur du soutien attendu de la part de la BCE.

Les dernières mesures annoncées par la BCE, le programme d’achat d’ABS et d’obligations sécurisées : Covered Bonds, sont favorables aux dettes privées, au marché du crédit dans son ensemble. L’environnement de taux très bas soutient la recherche de rendement propice au marché du crédit. Nous restons positifs sur la classe d’actifs.

Un mot sur la stratégie de gestion

D’un point de vue directionnel, nous conservons notre positionnement neutre pour les prochaines semaines, n’attendant pas un mouvement important sur les taux. Nous continuons de privilégier la surexposition sur les pays périphériques.
En termes de positionnement sur les courbes périphériques, nous privilégions toujours les segments intermédiaires. Sur les courbes des pays core nous évitons les maturités très courtes qui offrent, jusqu’à 2 ans, des rendements négatifs.

Sur le crédit, nous conservons notre surexposition à 105 %. Nous maintenons inchangés les principaux axes de la stratégie en favorisant les émetteurs périphériques, les dettes financières et les dettes subordonnées.