par Cyrille Collet, CFA, Directeur de la gestion actions de CPR AM
Le contexte demeure favorable aux actions, notamment en zone Euro et au Japon, portés par l’intervention de leurs banques centrales. Depuis le début de l’année, près de 63 milliards de dollars d’investissements anglo-saxons se sont d’ailleurs dirigés vers l’Europe développée et 15,2 vers le Japon. Dans les mois à venir, le marché européen devrait être soutenu par des révisions de bénéfices 2015 et 2016 à la hausse.
Toutefois, deux risques pèsent sur les marchés mondiaux : une mauvaise anticipation de la remontée des taux américains et une sortie de la Grèce de la zone euro. Des scenarii qui pourraient faire perdre autour de 10% aux actions européennes et américaines. Nous allons donc au-devant de turbulences et de volatilité, mais un recul des cours nous semble offrir de nouveaux points d’entrée pour la suite.
Les marchés européens et japonais devraient faire mieux que les Etats-Unis
Le marché américain a réalisé de bonnes performances depuis cinq ans, mais est pénalisé par la baisse du pétrole et des investissements dans ce secteur, qui ont conduit à la fermeture de la moitié des puits depuis septembre 2014. Cela a fait chuter les prévisions de croissance de bénéfices des sociétés, à 1,7 % seulement pour 2015. Un chiffre bien faible comparé aux estimations pour la zone euro, 16,6 %, et pour le Japon, 12 %. La situation économique des Etats-Unis est cependant solide : le salaire minimum devrait augmenter, de grands groupes (Home dépôt, Wall Mart) embaucher et la hausse de pouvoir d’achat liée à la baisse du pétrole – 1 000 dollars par foyer par an – n’a pas encore été consommée.
Au Japon, la situation est radicalement différente : le poids du pétrole y est le plus faible de tous les indices et les entreprises sont tournées vers les exportations. Ces dernières, riches en trésorerie, procèdent à des rachats d’actions et des versements de dividendes. Autre effet notable, l’amélioration de la gouvernance des sociétés et de leurs relations avec les investisseurs.
En zone euro, l’effet devise profite à plein, conjugué à un recul du prix du pétrole, à un retour de la croissance économique et la reprise de la distribution de crédit. Autant de données qui nous conduisent, en termes d’allocation, à surpondérer la zone euro et le Japon, à sous- pondérer les Etats-Unis, du moins jusqu’en septembre, et à rester neutre sur les émergents (et une sous-pondération dès que la hausse des taux US sera avérée), alors que les situations y sont très contrastées.
Enfin, pour juger des performances, il faut également prendre en compte les conditions d’investissement, qui varient fortement d’une région à l’autre, à cause des effets de devises. Une donnée qui rend peu lisibles le rendement réel.
Notre gestion tient compte des disparités régionales
Nos choix d’allocation sont à la croisée des chemins entre gestion quantitative et gestion de conviction. Ils diffèrent donc d’une région à l’autre. Aux Etats-Unis, la pertinence des critères de sélection de titre n’est pas stable dans le temps. Il nous faut donc compléter notre stratégie à base de valorisation, rentabilité et croissance, en nous appuyant sur de grandes tendances porteuses du marché actions américain : actuellement, les sociétés profitant de la baisse du cours du pétrole, d’une forte exposition domestique de leur activité, à contrario d’une forte exposition mondiale de leur activité ainsi que les petites et moyennes capitalisations boursières dominent le marché.
A l’inverse, le marché japonais a longtemps été celui de la décote. Un critère qui ne suffit plus, alors que la situation a évolué sous le gouvernement Abe. Nous intégrons donc des facteurs conjoncturels, qui modifient notre gestion sur cette région. Outre la décote et la restructuration, nous privilégions les sociétés exportatrices et celles améliorant leur gouvernance et favorisant leur actionnariat.
Dans la zone euro, nous combinons une sélection quantitative, incluant des critères de révision des bénéfices et de momentum prix, avec les thèmes suivants : sociétés à haut rendement, celles avec un chiffre d’affaires exposé aux émergents ou au dollar, ainsi que les petites et moyennes capitalisations boursières.
Dans les émergents, la stratégie de décote fonctionne bien, toutefois nous analysons désormais les pays indépendamment les uns des autres, car les disparités sont devenues très importantes. Nous travaillons d’ailleurs à une solution d’investissement dédiée aux émergents. Nous favorisons la Chine, la Corée et Taiwan. Il existe certes un risque de bulle sur la Chine, mais la Banque centrale y est très active.
Notre expertise actions nous permet donc de construire aussi bien des portefeuilles géographiquement diversifiés que de développer des solutions d’investissement spécifiques à une région.