par Ross Teverson, Responsable de la stratégie Marchés Emergents chez Jupiter AM
2015 a été une période contrastée pour les marchés émergents, notamment parce que le marché a tendance à privilégier les enjeux macroéconomiques de court terme plutôt que de se concentrer sur les fondamentaux des entreprises. Cela a été source de volatilité, notamment au troisième trimestre. Les investisseurs se sont inquiétés de l’impact potentiel d’une hausse des taux américains, des niveaux de dettes et de croissance en Chine et de l’impact de la faiblesse des prix des matières premières sur les pays qui en sont les principaux exportateurs.
Même si ces préoccupations sont justifiées, il faut cependant garder en mémoire que la hausse des taux américain a été largement anticipée depuis pas mal de temps déjà, ce qui veut dire qu’elle a déjà êté valorisée dans les cours des actions des marchés émergents. De même en ce qui concerne la Chine : si le niveau des emprunts des entreprises a augmenté significativement ces dernières années, il s’agit surtout de dettes en devise locale contractées par des entreprises détenues par l’Etat, le risque pour l’économie est donc bien plus faible que ne le laisse supposer les gros titres des journaux.
Finalement, le faible prix des matières premières représente effectivement un défi pour quelques pays mais cela a un impact positif sur d’autres, comme l’Inde, où la faiblesse du cours du pétrole a permis au gouvernement de respirer un peu en améliorant le budget du pays et en réduisant les subventions relatives au pétrole.
Pour 2016, en tant qu’investisseurs bottom-up sur les marchés émergents, plutôt que de formuler une opinion macro-économique top-down sur des pays et des régions, nous nous demandons : « Aujourd’hui, sommes-nous capables d’identifier beaucoup d’opportunités, attractives et sous-valorisées sur les marchés émergents ? ». Et la réponse à cette question est « Oui ». Pour cette raison, nous sommes optimistes sur les perspectives pour nos fonds marchés émergents. Nous trouvons beaucoup d’entreprises en pleine évolution, évolution qui ne nous semble pas se refléter dans les cours. Par ailleurs, les investissements en devise sont bien adaptés à ce type d’univers d’investissement, très divers et en rapide évolution.
La Chine est un des plus gros marchés mondiaux. Alors que le pays relève en ce moment le défi de passer d’une économie basée sur un modèle industriel (et où la croissance est guidée par les investissements de l’Etat) à une économie basée sur la consommation domestique, nous sommes optimistes quant aux perspectives de ses entreprises. Au niveau micro-économique, il faut selon nous faire la part des choses entre les entreprises qui sont à même de tirer profit de ce changement et celles qui devraient rencontrer des difficultés. Il est vraisemblable que cet écart se creusera à mesure que les dirigeants chinois implémenteront leurs réformes, et les revenus pour l’économie générés par ces deux types d’entreprises divergeront fortement.
En conclusion, il convient de souligner qu’aujourd’hui, les valorisations sur les marchés émergents – en termes de ratios price-to-book- sont relativement basses historiquement parlant. Lorsque par le passé, les valorisations ont été aux niveaux auxquels elles sont aujourd’hui, les investisseurs qui regardaient à long terme sans se laisser distraire par les turbulences immédiates ont pu en tirer de substantiels bénéfices. Selon nous, dans de nombreux cas, la volatilité de 2015 a créé des opportunités qui s’ajoutent aux valeurs « survendues » qui bénéficient de perspectives positives à moyen ou long terme. Qui plus est, étant donné que les actions des marchés émergents ont pris du retard par rapport aux marchés développés, nous devrions pouvoir trouver des entreprises ayant de meilleures perspectives de croissance – avec des valorisations significativement moins élevées – que leurs homologues des pays développés.