par Pieter Jansen, Stratégiste économique chez NN Investment Partners
Le ralentissement de l’économie chinoise et l’action de la Fed constituent les deux risques principaux pour les investisseurs en 2016. Dans un contexte de baisse des prix des matières premières défavorable aux marchés émergents, il est préférable de se tourner vers les marchés européens et japonais.
La croissance des pays de l’OCDE a tendance à ralentir structurellement, au-delà des cycles et des crises violentes comme celle subie par le monde industrialisé en 2009. Une tendance qui s’est par ailleurs accompagnée par un ralentis- sement encore plus marqué de l’inflation ainsi que du rendement des obligations souveraines. Il est indéniable que la reprise actuelle est beaucoup plus lente que lors des phases précédentes de « recovery » observées aussi bien en France qu’aux Etats-Unis. Une reprise qui a pourtant été accompagnée par une explosion des bilans des principales banques centrales dans le monde (Fed, BCE, BOE, BOJ) qui ont été multipliés par trois, au total, depuis la crise de 2008-2009.
Néanmoins, la reprise en cours en Europe devrait se poursuivre en 2016 en l’absence de chocs externes majeurs. Les conditions financières attractives liées à la baisse de l’euro et à la réduction des spreads entre pays « core » (France, Allemagne) et pays périphériques de la zone euro ainsi que la reprise visible de l’activité et de la confiance des consommateurs permettent d’envisager une année favorable en Europe.
En revanche, la croissance continue de ralentir dans les pays émergents et devrait ressortir en moyenne à 4,2% pour 2015. Le déclin de la demande chinoise, facteur de forte baisse du prix des matières premières, concerne en premier lieu les pays émergents qui vont devoir aussi subir les conséquences du relèvement des taux aux Etats-Unis. Par ailleurs, les investissements nécessités par le changement climatique et liés au « deleveraging » après des années de croissance excessive du crédit vont contribuer à freiner la croissance à venir des pays émergents.
Concernant les résultats des entreprises, nous attendons une croissance des bénéfices de 5% aux Etats-Unis, de 8% dans l’Eurozone et de 7% au Japon. Si les valorisations des marchés actions ne sont pas forcément attractives, la croissance attendue en Europe et au Japon justifie la préférence des investisseurs pour ces deux zones. Pour les marchés Fixed Income, nous recommandons plutôt l’univers Investment Grade et la zone Europe plutôt que les Etats-Unis.
Le resserrement monétaire aux Etats-Unis et la situation des pays émergents (de la Chine en particulier) constituent les deux principaux risques pour les investisseurs en 2016. Dans ce contexte, nous restons très prudents concernant les marchés de matières premières et nous maintenons nos préférences pour les marchés actions et l’immobilier ».
Il est aussi indispensable de faire preuve de plus de réalisme sur les opportunités de croissance offertes par le monde émergent. Il s'agit d'éviter de nouvelles baisses surprises et les turbulences de marché qui y en découlent. Les économistes prévoient à présent un taux de croissance de 4,5 % pour les marchés émergents en 2016. Si ce chiffre est encore assez élevé, il est toutefois peu probable que cette prévision s'avère surévaluée de plus d'un demi-point de taux. L'année dernière, les perspectives pour 2015 étaient surévaluées de plus d'un point. Le ralentissement de la croissance en Chine et dans les autres pays émergents aurait pu aisément engendrer une sévère correction, voire une panique de marché en août. Les risques de répétition d'un scénario identique l'année prochaine ont été réduits.
Par rapport à la situation que nous avons connue depuis plusieurs années, un rééquilibrage des risques sur les marchés émergents a en effet été opéré à la suite de la correction du marché monétaire et du marché des actions, conjuguée à une révision à la baisse des prévisions. En face des risques liés au fort ralentissement de la Chine, à la crise de la dette au Brésil et à la capitulation des marchés émergents de devises, il existe aujourd'hui aussi des facteurs propices à la hausse. Si les autorités chinoises mènent à bien leur effort de stabilisation de l'économie et qu'il n'y a pas de défaillances majeures dans les pays marqués par une croissance excessive du crédit comme la Malaise, la Thaïlande, la Turquie et le Brésil, les marchés pourront commencer peu à peu à anticiper une reprise de croissance. La hausse des prix dont le ni- veau est actuellement faible pourrait conduire, au vu d'une reprise qui se rapproche, à une réaction favorable du marché, une appréciation des devises et une baisse des taux d'intérêts. Pour ce faire, il est nécessaire que le processus inévitable de désendettement dans les pays émergents se poursuive sans incident majeur.