par Avinash Vazirani, Gérant du fonds Jupiter India Select chez Jupiter AM
En ces temps troublés aussi bien sur les marchés émergents que sur les marchés développés, les actions indiennes se sont révélées être des valeurs sûres. Et même si la situation économique mondiale continue d’être préoccupante et provoque encore des sentiments très contrastés chez les investisseurs, l’Inde a su apporter une série d’améliorations tant au niveau économique que politique, qui sont, selon nous, à même de créer un environnement favorable aux entreprises.
Les statistiques récentes le confirment : le taux de croissance en Inde continue d’augmenter, soutenu par une séries de réformes et d’initiatives du gouvernement Modi ayant pour vocation de rationaliser un environnement économique historiquement inefficace tout en sortant des millions d’indiens de la pauvreté. Les dernières publications de résultats trimestriels ont d’ailleurs été en ligne, voire meilleures qu’attendues par le marché, et pour bon nombre d’entreprises, des annonces de profits importants ont rassuré les investisseurs et provoqué un rallye sur le prix des actions. C’est dans ce contexte que paradoxalement, les investisseurs étrangers ont vendu leurs actions indiennes ; une tendance inverse chez les investisseurs domestiques a plus que compensé ce mouvement.
Bien que la faiblesse actuelle du prix du pétrole soit profitable aux pays importateurs de pétrole, comme l’Inde, un rebond du cours de l’or noir ne serait pas véritablement une source d’inquiétude, même s’il atteignait les 50 ou 60$, ce qui constituerait pourtant une très forte remontée par rapport au cours actuel de 30$, le cours le plus bas depuis 12 ans. Etant donné les différentes taxes sur l’essence et le diesel, même avec un pétrole sous les 60$, le prix du carburant à la pompe est resté relativement stable et les consommateurs n’ont que peu profité de cette baisse.
Arrivé au pouvoir en tant que première majorité gouvernementale après 30 ans de coalition et d’impasse politique, l’administration Modi a réussi à mettre en place beaucoup de choses. Cela ne s’est pas pour autant fait sans peine et son emblématique taxe sur les produits et services, destinée à harmoniser un patchwork de taxes existantes au niveau local, à en élargir la base d’imposition et en améliorer l’efficacité, aura vu son instauration bloquée par le parlement, comme l’écho d’une ère pourtant révolue.
Côté politique, les nouvelles sont bonnes. Le gouvernement a démontré son engagement dans des politiques qui vont permettre aux banques des différents Etats d’améliorer leur profil de risque. Un projet de loi sur l’immobilier, voté récemment, promet d’effacer des décennies d’inaction dans l’aménagement du territoire. Enfin, dans le dernier projet de budget présenté en février, le gouvernement a annoncé vouloir maintenir son objectif de déficit, et ce malgré les pressions liées à la hausse des salaires et des pensions versées aux plus fonctionnaires. Tout ceci prouve que les choses continuent d’aller dans la bonne direction. (A noter, que selon toute vraisemblance, étant donné le caractère procédural de la vie politique indienne, le projet de loi sur la taxe sur les produits et services devrait passer dans l’année malgré l’opposition actuelle.)
L’activité économique est en forme et l’inflation semble vouer à rester basse à long terme, en partie dues à la baisse du prix du pétrole mais plus largement à cause de la faiblesse des coûts de base en Inde. Le taux d’inflation ces derniers mois a été plus faible que prévu, ce qui a permis à la banque centrale indienne de baisser son taux directeur de 25 points de base à 6,5% – une décision qui est la bienvenue. Bien que nous nous attendions déjà à ce qu’elle ait eu lieu mi-mars suite à l’annonce du budget, cette baisse supplémentaire des taux indiens devrait améliorer le contexte économique pour les entreprises, et consolider les changements positifs dont l’Inde bénéficie.
Il n’y a bien sûr aucun moyen de savoir comment les choses vont se dérouler sur les marchés internationaux, ni si le sentiment des investisseurs internationaux, qu’il soit positif ou négatif, va se propager sur le marché des actions indiennes. L’importance décroissante des investisseurs institutionnels internationaux sur les marchés indiens devrait permettre d’en minimiser l’impact, mais il serait absurde de prétendre qu’un des plus grands marchés au niveau mondial, l’Inde, soit isolé du reste du monde. Cependant, d’un point de vue domestique, il est raisonnable d’affirmer qu’étant donné la rapidité des progrès auxquels nous continuons d’assister, le développement économique de l’Inde, et donc le climat de l’investissement, est en très bonne voie.