par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, et Xavier d'Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible chez Amplégest avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)
A l’inverse de ce printemps pluvieux, le ciel se dégage sur l’économie mondiale au second trimestre.
Aux Etats-Unis le cycle actuel de l’économie est difficile à analyser, car fait de mouvements contradictoires à court terme. Mais il est toujours dans sa phase haussière. La consommation des ménages, vigoureuse en avril, devrait impacter positivement les chiffres du PIB. Par ailleurs, le secteur immobilier confirme son dynamisme avec des promesses de ventes en nette hausse.
Même si l’industrie reste fragile, en dépit d’une stabilisation récente, la tendance est incontestable et donne tort aux nombreux économistes qui tablaient sur une récession américaine imminente. Le contexte actuel rend plus que jamais probable une hausse des taux courts en juin (ou juillet). L’inflation, qui va remonter en raison des hausses de salaires et d’un effet de base moins favorable, va également inciter la Federal Reserve à normaliser sa politique monétaire.
L’Europe surprend également par son dynamisme qui va à l’encontre d’un consensus plutôt pessimiste. La croissance reprend de la vigueur dans les principaux pays de la zone, et notamment la France, aidée par un retour de l’investissement des entreprises. Ce cercle vertueux est une première victoire pour la BCE qui voit dans le même temps le crédit repartir fortement, conformément à son souhait. Les perspectives de PIB 2016 devraient être rapidement réévaluées à la hausse pour 2016 par les grands instituts de prévision.
En Chine, le souci des autorités est d’accompagner la grande mutation d’une économie d’exportations et d’investissement, vers un modèle de consommation interne et de croissance des services. Cette transition est difficile et nécessite un pilotage pointu. Nous ne voyons pas de signe de ralentissement brutal de l’économie et notons même une inflexion positive depuis le point bas de l’été dernier. D’autres pays émergents, comme l’Inde, ont retrouvé récemment des couleurs. Les pays dépendants des matières premières (Russie, Brésil…) voient avec soulagement le prix du pétrole rebondir. Mais la disparité continue à prévaloir dans les zones émergentes, qui restent globalement difficiles à appréhender.
Ce tableau positif de l’économie mondiale est encourageant pour les marchés financiers, mais il n’est pas suffisant. Pour l’instant, cette amélioration ne s’est pas traduite dans les résultats des grandes entreprises. Aux Etats-Unis le problème récent provient de la réduction des marges des sociétés, largement imputable à la hausse des salaires, non encore répercutée dans les prix. Cette érosion des marges freine la progression des profits et rend le marché globalement cher.
En Europe ce sont les chiffres d’affaires qui sont décevants et qui ne profitent pas encore du rebond de l’activité. Les discours des managers sont toujours prudents, en raison sans doute des déceptions passées. Toutefois, une inflexion récente nous semble encourageante (ex : discours de Saint-Gobain sur un regain d’activité). Il n’y a pas de problème de marges des entreprises en Europe, et l’amélioration prévisible de l’activité des sociétés justifie notre préférence actuelle pour cette zone.
L’embellie macroéconomique a dissipé pas mal des doutes qui affectaient les marchés, permettant à ceux-ci de récupérer une bonne partie des pertes accumulées en six mois. Deux évènements importants sont programmés en juin : la réunion de la Federal Reserve qui devrait déboucher sur une hausse des taux, et le referendum britannique sur le Brexit. D’ici là les bourses évolueront au gré des rumeurs et des sondages. Cela ne nous incite pas à augmenter à court terme le risque dans nos portefeuilles.