par Frédéric Dussart, Vice Président et Directeur Général de la région EMEA Sud, Afrique et Moyen Orient d’EMC
Un peu plus d’un an après sa création, l’Union pour la Méditerranée (UPM) fait encore débat. A peine née se voit-elle chargée de handicaps jugés insurmontables, le débat se focalisant sur les impasses politiques – du dossier proche-oriental à l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, en passant par le format même de l’UPM (43 membres pour moins d’une vingtaine de pays méditerranéens), les récentes objections de la Libye et du Sénégal contre une Europe qui s’accapare l’Afrique du Nord au détriment du continent africain, ou encore les mesures prises par Alger à l’encontre des investisseurs étrangers, dont la contribution au développement national est jugée insuffisante.
Le développement économique conditionne la réussite de l’UPM
Si la résolution des clivages politiques qui pèsent sur l’UPM semble être, pour l’heure, une vue de l’esprit, l’espace euro-méditerranéen n’en regorge pas moins de ressources très prometteuses qu’il faut valoriser. A l’image de la construction européenne, un projet de l’envergure de l’UPM ne peut réussir, du moins dans un premier temps, qu’économiquement. Il faut alors renforcer prioritairement l’investissement dans la technologie et les compétences pour bâtir des infrastructures qui encadreront efficacement le développement économique et la circulation de l’information, de la connaissance.
Véritable vecteur de progrès, les technologies de l'information et de la communication (TIC) ne connaissent pas les aléas de la politique et permettent – de façon concrète – de rapprocher les pays, de favoriser les échanges et de réduire le fossé économique et numérique entre les deux rives de la Méditerranée et au sein même des pays. Des projets particulièrement innovants ont vu le jour, comme le projet EOMED (Espace numérique ouvert pour la Méditerranée) pour la construction d’une communauté du savoir visant à mutualiser et à valoriser les ressources numériques dans le domaine de la culture, de la formation, de l’innovation et de la recherche.
L’approche économique met en évidence l’atout que représente l’UPM pour de nombreux pays, y compris au-delà de l’espace euro-méditerranéen. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : avec 7 % de la population mondiale, les deux rives de la Méditerranée produisent à elles seules 15 % des richesses annuelles mondiales et assurent 16 % des échanges, représentant ainsi le 1er PIB de la planète.
Les TIC catalyseur de développement économique et humain
La corrélation entre les investissements dans les TIC et le développement est évidente. Les pays de la rive sud ont à ce titre mis en place des politiques gouvernementales ambitieuses, de l’initiative « Génie » au Maroc pour généraliser l’usage des TIC dans l’éducation d’un pays dont le taux d’illettrisme frôle les 40 % au programme « e-Algérie 2013 », en passant par le programme « i2010 » en Turquie pour l'innovation technologique et l'accès aux technologies dans le cadre d’un espace européen unique de l'information.
Ces politiques ont permis l’émergence de technopoles spécialisées comme le Smart Village égyptien, pôle fédérateur de technologies de pointe reconnu, ou le CasaNearshore Park marocain, haut lieu de l’externalisation de services, devant générer 30 000 emplois et permettre la formation de 10 000 ingénieurs et 22 000 diplômés dans les métiers de l'Offshoring.
La généralisation des TIC dans les pays où la population est jeune est un axe stratégique – voire vital – de développement. Il s’agit non seulement de construire une économie fondée sur la connaissance et intégrée intelligemment aux marchés de la Rive Nord, mais aussi et surtout d’offrir une perspective d’avenir à la jeune génération des pays en voie de développement, désireuse d’accéder elle aussi aux nouveaux outils de communication que la mondialisation a mis sur son chemin.
Les TIC sont finalement un catalyseur de développement économique et humain. Elles peuvent offrir aux acteurs actuels et à venir de l’Union pour la Méditerranée des bénéfices qui redéfiniront profondément les relations entre les pays mobilisés et poseront les bases d’une union euro-africaine, prolongement naturel de l’intégration euro-méditerranéenne.