par Ombretta Signori, stratégiste chez Crédit Agricole AM
Un changement dans l’évolution des différentes classes d’actifs a vu le jour au cours de l’été 2009. En effet, depuis le début de l’année, les obligations d’État et les actions n’ont pas évolué dans le même sens bien qu’elles ont enregistré de bonnes performances au cours des mois d’août et de septembre. Cette rupture dans la corrélation entre les actifs pose un certain nombre d’interrogations car une nette divergence se profile au sein des marchés de taux et d’actions. Ces derniers semblent avoir été tirés par l’amélioration de l’environnement économique et l’espoir d’une sortie de récession rapide.
Le marché obligataire, au contraire, semble plutôt accorder plus de crédit à une sortie de crise plus lente. Les obligations d’État, qui ont bien joué leur rôle de valeur refuge, auraient dû être pénalisées par le retour de l’appétit pour le risque.
Dans le domaine de la politique monétaire, les banques centrales portent à présent toute leur attention sur le moment et la manière de mettre en œuvre une stratégie de sortie des mesures non conventionnelles. Par conséquent, le risque pour ce dernier trimestre est que les taux à long terme continuent de fluctuer autour des niveaux actuels, qui sont légèrement inférieurs à leur valeur fondamentale.
Dans ce contexte, il s’avère opportun de tendre vers une position de long terme pour l’année prochaine.
Au cours du mois de septembre, la pente de la courbe des taux a déjà commencé à se réduire, nous pensons que ce mouvement devrait se poursuivre comme cela était le cas lors des cycles précédents. Généralement, les rendements obligataires sont bas et les écarts entre les taux d’intérêt à long terme et ceux à court terme sont faibles (ou négatifs) à l’approche du sommet d’un cycle tandis que, en creux de cycle, les rendements obligataires sont importants et les écarts sont élevés.
Ce schéma contracyclique de la courbe des taux reflète :
- la réaction, en termes de politique monétaire, à la croissance et à la dynamique de l’inflation
- la forte aversion au risque et les primes de risque en période de crise et inversement.
A ce stade du cycle économique, le point bas devrait être dépassé et la reprise en cours ; en conséquence, nous privilégions pour les mois qui viennent et pour 2010 une réduction de l’écart entre les taux longs et courts voire un aplatissement de la courbe des taux. De plus, nous pensons que la Fed devrait sans doute être la première banque centrale à relever ses taux au début de l’été prochain, suivie par la BCE à l’automne.
Comme déjà dit, un cycle de resserrement monétaire se caractérise habituellement par une courbe plus plate des rendements, les taux à court terme augmentant davantage que les taux à long terme, et l'historique montre que cette dynamique s’engage déjà avant la première hausse de taux. Toutefois, le risque réside sur le court terme, mais il devrait se dissiper au fil du temps avec la fin des incertitudes sur les politiques monétaires.