par Hélène Baudchon, Economiste Senior chez BNP Paribas
Ter repetita : si la baisse du taux de chômage au T4 2020, la troisième de l’année, n’est pas vraiment une surprise, son ampleur (-1,1 point) n’en est pas moins remarquable. Elle est plus importante que la baisse enregistrée au T1 et au T2. Le bond du T3 est pour moitié effacé. À 8%, le taux de chômage est, fin 2020, au même niveau que fin 2019 et, en moyenne sur l’année, plus bas de 0,4 point.
Après le PIB au T4 2020 (baisse nettement moins importante qu’attendu), c’est au tour du taux de chômage de surprendre favorablement. Il a en effet reculé de 1,1 point sur le trimestre, pour retomber à 8% de la population active. Nous n’ajouterons pas « contre toute attente » car cette baisse, si elle surprend par son ampleur (nous avions prévu un recul nettement plus limité, de 0,2 point), est en ligne avec la prévision de l’INSEE dans sa Note de conjoncture du 15 décembre 2020.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la baisse du taux de chômage au T4 2020 tient, pour partie, aux raisons méthodologiques de la baisse observée au T1 et au T2, et donc du trompe-l’œil. Le confinement amène, en effet, nombre de personnes à sortir de la population active, faute notamment de pouvoir chercher activement un emploi. Comme pour le PIB, l’effet négatif du deuxième confinement sur la population active a toutefois été bien plus modéré que le premier.
Mais, comme le précise l’INSEE, la baisse du taux de chômage au T4 s’explique surtout par la hausse du taux d’emploi, ce qui la distingue favorablement des baisses du T1 et du T2, et concourt à sa plus grande ampleur1 . Il s’agirait donc pour partie d’une « vraie » baisse du taux de chômage, surprenante, mais que l’INSEE relativise par la diminution du nombre d’heures travaillées.
Malgré le choc récessif massif qui a frappé l’économie française en 2020, le taux de chômage réussit l’exploit de terminer l’année 2020 au même niveau qu’un an auparavant et de se situer 0,4 point plus bas en moyenne. Ces bons résultats, que l’on ne boudera pas, sont toutefois, pour une large part, factices et n’augurent en rien des perspectives pour 2021. Une remontée du taux de chômage est plus que probable cette année : la question porte sur son ampleur (pour partie fonction de celle, tout aussi incertaine, de la hausse à venir des défaillances d’entreprises) et sur son profil (augmentation continue ou en cloche).
À retenir aussi la refonte annoncée par l’INSEE de l’enquête Emploi et la possibilité de révisions plus importantes qu’à l’accoutumée des séries lors de la publication, le 24 juin prochain, des chiffres du T1 2021.
NOTE
- Pour rappel, le taux de chômage a baissé de 0,3 point au T1 et de 0,7 point au T2.