En cette saison de vœux, tout le monde souhaiterait que la planète sorte en 2011 de la crise économique et financière qui la frappe depuis 2088 et renoue avec une croissa
En cette saison de vœux, tout le monde souhaiterait que la planète sorte en 2011 de la crise économique et financière qui la frappe depuis 2088 et renoue avec une croissance permettant de créer des emplois. Mais on peut craindre que ce ne sera pas le cas.
L’année 2010 a été marquée par un net redressement de l’économie mondiale avec une croissance estimée à 4,8% par le Fonds monétaire international (FMI) mais il s’agit d’un rebond logique après le recul de 2% de 2009, qui était sans précédent depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Et il s’agit aussi de la conséquence du rattrapage opéré par les pays émergents, qui investissent massivement.
Selon la plupart des experts, ce rebond s’estompera en 2011, le FMI prévoyant par exemple une croissance mondiale de 4,2%, avec un taux plus faible dans pratiquement tous les pays, y compris en Chine, en Inde et au Brésil. Mais ce sont les pays occidentaux qui suscitent des inquiétudes puisque la croissance n’est attendue qu’à 1,5% dans la zone euro et à 2,3% aux Etats-Unis. Autant dire que ce niveau est insuffisant pour réduire un taux de chômage collé à la barre des 10%.
Bien que le découplage entre pays développés et pays émergents est réel, comme indiqué ici récemment (http://www.globalix.fr/content/le-retour-du-decouplage), il est évident que les pays émergents ne peuvent pas avancer toujours plus vite si la consommation demeure atone dans les pays développés. Ils l’ont compris et ont commencé à rééquilibrer leur économie en donnant la priorité à la demande interne.
Une classe moyenne de plusieurs dizaines de millions de foyers existe d’ores et déjà en Chine, en Inde et au Brésil. Mais soutenir la consommation demande des efforts considérables : il s’agit de donner du pouvoir d’achat aux travailleurs sans affaiblir la compétitivité de pays vivant essentiellement des exportations. Cela signifie lutter contre l’inflation. De nombreux pays émergents vivent dans la crainte d’émeutes de la faim alors que les prix des matières agricoles sont orientés à la hausse. C’est le cas notamment de la Chine, qui vient de relever ses taux d’intérêts, et qui cherche aussi depuis plusieurs mois à freiner la spéculation sur les marchés boursiers et immobilier.
Le Brésil a pris des mesures en 2010 pour bloquer l’arrivée de capitaux étrangers, les investisseurs étant à la recherche de bons placements. L’Inde a relevé ses taux d’intérêt à plusieurs reprises alors que l’envolée des prix menace la coalition au pouvoir.
A l’orée de l’année 2011, il apparaît que si les grands pays émergents sont confrontés à des défis importants ils n’hésitent pas à utiliser tous les outils disponibles pour assurer la stabilité et la croissance.
Dans les pays développés, les dirigeants se contentent d’outils purement financiers et laissent les banques centrales essayer de trouver des solutions pas trop douloureuses. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale, dont le mandat inclut la lutte contre l’inflation et la recherche du plein emploi, rachète de la dette publique. En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) ne se préoccupe que de l’inflation mais a consenti à racheter des obligations d’Etat sans toutefois expliquer sa stratégie à moyen et long terme.
Depuis le début de la crise financière, en 2008, on a beaucoup parlé de basculement de la puissance économique des pays développés vers les pays émergents. La réalité est que si ce début de basculement est réel et se poursuivra – c’est après tout la logique même de la mondialisation – la crise a surtout montré l’absence d’imagination des gouvernements dans les pays riches. Un certain conformisme empêche les dirigeants à étudier de nouvelles options et cet aveuglement fait le lit des mouvements populistes, comme on l’a vu dans certains pays.
Les gouvernements chinois, indien et brésilien sont, eux, prêts à tout essayer pour permettre à l’économie de garder son rythme.
En 2011, s’ils veulent vraiment sortir de la crise, les dirigeants occidentaux seraient bien inspirés d’abandonner leurs idées toutes faites pour tenter des solutions innovantes : imposer une certaine forme de protectionnisme pour protéger certains secteurs ; mettre en place de nouvelles régulations dans certains secteurs ; rejeter l’idéologie du libre-échange à tout prix (surtout en Europe) pour bâtir de vraies politiques industrielles.
Ces idées ne sont pas politiquement correctes en Occident mais elles sont mises en œuvre dans les pays émergents et avec un certain succès. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?
Bonne année 2011.