Une leçon espagnole

Peut-on redresser un pays jugé au bord de la faillite et qui n’inspire plus confiance aux investisseurs internationaux ?

Peut-on redresser un pays jugé au bord de la faillite et qui n’inspire plus confiance aux investisseurs internationaux ?

Si l’on en juge par ce qui est en train de se passer en Espagne, la réponse est positive mais cela nécessite de la part des dirigeants politiques le courage d’affronter l’impopularité et la possibilité de perdre les élections à venir et donc le pouvoir.

Face à l’hostilité des marchés financiers, qui ne voulaient plus prêter à son pays qu’à des taux prohibitifs, et sous la pression des grands pays de l’Union européenne, le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a imposé à ses compatriotes des mesures d’austérité visant à ramener le déficit budgétaire de 11,1% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009 à 9,3% cette année et à 6% en 2011.

Il vient de déclarer au quotidien économique Financial Times que le chiffre pour 2010 serait « quelque peu meilleur » que les 9,3% prévus. Ce qui signifie qu’il disposera sans doute de marges de manœuvre soit pour atténuer la rigueur soit pour accélérer l’assainissement.

Notons que dans le même temps le gouvernement espagnol a dévoilé un plan stratégique visant à investir 83 milliards d’euros sur la période 2011-2015 afin d’améliorer la compétitivité du pays. Les principaux ministères ont présenté 124 initiatives dans 26 domaines.

Il est évident que ces mesures ne résoudront pas les problèmes à court et moyen terme, le taux de chômage demeurant proche de 20%. Les grèves générales se multiplient et la popularité du chef du gouvernement est nettement en dessous de la barre des 30%. Les sondages donnent au Parti populaire (PP) de droite 15 points d’avance sur le Parti sociale (PSOE) de Zapatero en vue des élections de 2012.

Cette situation n’est pas sans rappeler celle de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schroeder qui avait perdu les élections générales en septembre 2005 après avoir mis en œuvre un programme de réformes dont le pays récolte les fruits aujourd’hui.

Certains dirigeants politiques acceptent donc de sacrifier leur popularité et leur avenir politique pour aider leur pays. C’est ce qui fait la grandeur de l’engagement politique.