par Caroline Newhouse-Cohen, économiste chez BNP Paribas
Après avoir renoué avec la croissance au troisième trimestre 2009 (+2,2% t/t en rythme annualisé), grâce à la consommation des ménages, soutenue par les incitations gouvernementales (baisses d'impôts, prime à la casse), après cinq trimestres de contraction de l’activité, la reprise a accéléré au T4 2009. Le PIB a crû de 5,7% t/t en rythme annualisé. Certes, la réduction du déstockage a contribué pour 3,4 points à la croissance. En revanche, la demande intérieure finale a été moins dynamique qu’au trimestre précédent, contribuant pour 1,3 point à la croissance contre 2,4 points au T3 2009.
Cela vient d’une moindre progression de la consommation des ménages (2% t/t en rythme annualisé après 2,8% au trimestre précédent), alors même que l’investissement non résidentiel progressait pour la première fois depuis le deuxième trimestre 2008 (2,9% t/t annualisé). Par ailleurs les échanges extérieurs ont eu un impact positif sur la croissance, y contribuant pour 0,5 point. Toutefois, un raffermissement de la demande intérieure est nécessaire pour assurer une reprise durable. L’amélioration progressive des conditions sur le marché du travail et les gains enregistrés sur les marchés actions devraient soutenir le revenu disponible des ménages et par là même leur consommation. Cependant, le marché du crédit agit toujours comme un frein sur leurs dépenses, en raison à la fois de critères d’octroi resserrés et d’une demande en berne (voir infra).
Le FOMC, qui s’est tenu les 26 et 27 janvier, a insisté, dans son communiqué, sur le renforcement de l’activité. En particulier, il a souligné la reprise des dépenses d’équipement des entreprises et le redémarrage modéré de la consommation des ménages. Compte tenu de l’amélioration des perspectives économiques, l’action du FOMC n’a pas été votée à l’unanimité, une première depuis l’introduction des mesures non conventionnelles. En effet, M. Hoenig, président de la Réserve fédérale de Kansas City, aurait souhaité que la mention du maintien probable du taux des Fed funds à un niveau exceptionnellement bas pendant « une période prolongée » ne soit plus retenue.
En revanche, le FOMC n’a pas fait mention, contrairement au mois de décembre, des signes d’amélioration sur le marché immobilier et a rappelé la contraction du crédit. En novembre, l’encours de crédit à la consommation s’est contracté de 17,5 milliards de dollars (ou -0,7% m/m, la plus forte baisse depuis 1980).
En effet, les chiffres portant sur le marché immobilier ont été récemment décevants (les ventes de nouvelles maisons ont plongé en décembre, – 16,7% m/m), suggérant ainsi que les mesures de soutien de la Réserve fédérale (achat de titres MBS) et du gouvernement (crédit d’impôt pour les primo-accédants) n’étaient pas superflues. Le paragraphe portant sur l’inflation n’a pas été modifié de façon significative. Celle-ci devrait demeurer modérée à court terme, étant donné la faible utilisation des ressources et la stabilité des anticipations d’inflation. Enfin, le FOMC a maintenu la fourchette de 0 à 0,25% d’évolution assignée pour le taux des Fed funds. Il n’a pas amendé le programme d’achat de titres (tout en se gardant la possibilité de la faire en tant que de besoin) et a confirmé l’expiration de la plupart des facilités de crédit spéciales de la Réserve fédérale au 1er février. Dans ces conditions, un premier geste de normalisation des taux d’intérêt directeurs est envisageable dans un avenir proche, au travers d’une modification du taux d’escompte. En effet, traditionnellement, celui-ci est supérieur de 100 points de base au taux des Fed Funds. L’écart aujourd’hui n’est plus que de 25 bp. Une première hausse initiant le retour à la normale pourrait ainsi intervenir dès le deuxième trimestre.
L’euro continue de souffrir de la comparaison entre les Etats-Unis et l’Europe, où la reprise économique semble déjà s’essouffler, alors qu’aucune amélioration sur le front de l’emploi n’est envisageable à court terme. Ainsi, l’indice du climat économique de la Commission européenne a continué de se redresser en janvier, mais de manière déjà moins marquée que les mois précédents. En particulier, la confiance industrielle, qui représente 40% de l’indice, devrait pâtir à l’avenir de la faiblesse de la demande, couplée aux niveaux historiquement bas d’utilisation des capacités de production. L’indice relatif aux anticipations d’embauche des entreprises est demeuré inchangé en janvier, proche de ses plus bas historiques et cohérent avec une poursuite de la contraction de l’emploi. L’euro devrait continuer de s’affaiblir dans les prochains mois.