par Philippe Gräub, Responsable de l’équipe ‘Global & Absolute Return Fixed Income’, et Olivier Debat, Spécialiste en investissement senior, à l’Union Bancaire Privée (UBP)
En dépit du contexte de pandémie, de la hausse des taux de défaut et de la forte volatilité des marchés financiers, le segment obligataire ‘high yield’ global a affiché des performances positives en 2020. Ainsi, il nous est souvent demandé si nous pouvons nous attendre à de telles performances pour 2021.
Même si les timings sont différents, la distribution des vaccins devrait contribuer à une reprise de la croissance synchronisée à l’échelle mondiale. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni, par exemple, seront les premiers à bénéficier de ces développements positifs, étant donné le rythme de distribution plus élevé dans ces pays. Cependant, l’Union européenne (UE) devrait rapidement regagner du terrain lorsque les contraintes d’approvisionnement seront levées. Dans le même temps, des mesures de relance sont en place dans ces deux régions, les programmes d’assouplissement quantitatif (QE) continuant à tourner à plein régime, tandis que les politiques budgétaires, en particulier à la suite du plan Biden de 1900 milliards de dollars, devraient donner une nouvelle impulsion à la croissance. En Europe, la mise en œuvre du Plan de relance (‘Recovery fund’) de l’UE assurera un soutien budgétaire important pour la région, où, malgré certaines inquiétudes autour de la distribution et de l’utilisation de ce Plan, la nomination de Mario Draghi comme Premier ministre en Italie devrait contribuer à améliorer la confiance des investisseurs.
Ce contexte macroéconomique devrait se révéler positif pour les marchés risqués, notamment pour l’univers du ‘high yield’. Contrairement aux autres classes d’actifs obligataires, les spreads ‘high yield’ ne se sont pas encore revenus sur les plus bas atteints avant la pandémie et traitent très larges par rapport à l’investment grade. Autrement dit, s’ils devaient se comprimer, les investisseurs sur le segment ‘high yield’ bénéficieraient de gains en capital, en complément de leur portage (‘carry’). De même, nous nous attendons à ce que les niveaux de défaut soient contenus cette année, après l’augmentation enregistrée en 2020, lorsque les sociétés avec un faible bilan avaient rapidement fait défaut au moment de l’arrêt brutal des économies. Les taux de ‘recovery’ ont tendance à reculer en période de récession, et l’année 2020 n’a pas fait exception à la règle puisque les taux observés ont été comparables à ceux constatés lors des précédentes phases de récession. Ces taux devraient également revenir à des niveaux plus standards avec la réouverture des économies. Le marché du ‘high yield’ s’étant assaini et vu l’embellie des perspectives de reprise comme évoqué plus haut, nous estimons que les défauts ne devraient pas être un sujet de préoccupation pour 2021.
Enfin, il s’agit d’accorder une attention particulière aux taux d’intérêt. En réponse à la crise et afin de s’assurer que les conditions financières restent souples, les banques centrales mondiales ont réduit les taux d’intérêt près de leurs niveaux planchers. En effet, alors que les économies rouvrent à nouveau et que la croissance reprend des couleurs, les taux d’intérêt ont commencé à croître, notamment les parties longues de la courbe de taux. Compte tenu du contexte macroéconomique favorable et des attentes d’une nouvelle compression des spreads ‘high yield’, sans oublier les potentielles hausses de taux d’intérêt à venir, il est aujourd’hui préférable de privilégier une construction de portefeuille avec une exposition aux taux d’intérêt limitée et une pleine exposition aux spreads de crédit ‘high yield’.