par Chris Iggo, Directeur des Investissements Fixed Income, et Sebastian Paris-Horvtiz, Directeur de la Stratégie d’Investissement d’Axa IM
La situation sur la Grèce reste très changeante et la décision de S&P d’abaisser la notation de sa dette de long terme à BB+ à partir de BBB+ est un événement négatif pour les investisseurs. Ceci signifie que la Grèce n’est plus considérée comme “investment grade” (Moody’s et Fitch, les autres grandes agences de notation, n’ont pas pour l’instant procédé à un tel changement).
Devant ces événements, un vent de panique souffle sur les marchés et la crainte d’une contagion à d’autres pays fait son chemin. Une première conséquence est une très faible liquidité sur le marché des obligations d’Etat de la zone euro. En particulier, un certain nombre d’investisseurs sont devenus des vendeurs forcés de dette grecque, compte tenu de l’abaissement de la notation, et les prix de marché sont très largement le reflet du manque de liquidité et de ventes forcées.
La situation budgétaire grecque est très fragile et les derniers événements rendent particulièrement difficile le financement du pays sur les marchés internationaux. De ce fait, il est extrêmement important que l’assistance financière UE/FMI soit mobilisée rapidement. A ce stade, les investisseurs sont inquiets de la position prise par le gouvernement allemand dans l’octroi de l’aide à la Grèce (possiblement liée aux prochaines élections régionales en Allemagne) et de la viabilité des conditions associées de l’aide elle-même.
Pour l’heure, nous savons que, premièrement, l’aide potentiellement accordée (estimée à 45 mds EUR) est suffisante pour couvrir en très grande partie les besoins de financement du gouvernement grec pour 1-2 ans. Deuxièmement, nous savons que les membres de l’UE ont adopté le principe de cette aide. Troisièmement, le gouvernement grec s’est engagé dans un plan d’austérité qui devrait conduire à un excédent budgétaire primaire dans les toutes prochaines années. Ceci en faisant face à une opposition politique vigoureuse contre les réductions des dépenses budgétaires et d’emploi.
Une barrière au déboursement de cette aide et au soutien plus marqué à la Grèce est liée à la situation politique en Allemagne et à la conditionnalité que pourrait exiger le FMI pour la mise en place d’un plan détaillé d’ajustement.
Nous pensons que ces obstacles devraient être surmontés dans les prochains jours ou au plus tard dans les deux semaines à venir. Les commentaires de marché suggèrent que la mise à disposition d’informations sur le détail de l’aide – notamment une indication sur la date à laquelle sera déboursée la première tranche des soutiens européen et du FMI – est une étape essentielle pour soulager les tensions actuelles. Une restructuration ou un défaut de la Grèce nous semble encore un événement ayant une faible probabilité, même si les derniers événements sont venus accentuer ce risque.
En accord avec notre opinion qu’une solution est en vue pour la Grèce, nous voyons le risque d’une contagion grave à d’autres pays de la zone comme faible. Néanmoins, l’abaissement de la notation de la dette portugaise par S&P (à A-) et l’écartement des « spreads » qui l’a accompagné incitent aujourd’hui à la prudence.
Notre scénario central est que la Grèce ne fera pas défaut et ne sera pas obligée de restructurer sa dette. L’apport financier de l’UE et du FMI devrait être suffisant pour couvrir les besoins financiers du pays pour l’année qui vient. Au delà, les investisseurs auront néanmoins besoin d’être confortés par le gouvernement grec quant à sa capacité à mener à bien l’ajustement sur lequel il s’est engagé afin de rétablir l’équilibre de ses finances publiques.