par Dr Hans-Jörg Naumer, Directeur Global Capital Markets & Thematic Research chez Allianz Global Investors
Une coalition de trois partis se dessine pour l’Allemagne, bien que sa composition ne soit pas encore claire à quelques jours des élections. Non seulement les sondages ont connu de fortes variations au cours des derniers mois, mais la proportion d’électeurs indécis est également beaucoup plus élevée que d’habitude, soit plus de 40 % selon l’institut de sondage Allensbach. De plus, il faut s’attendre à une forte proportion de votants par correspondance, car de nombreux électeurs craignent les bureaux de vote du fait de la pandémie de Covid. Les résultats des élections pourraient donc bien diverger des sondages.
Deux points à suivre :
Marchés financiers
Les marchés boursiers, tant au niveau national qu’international, ont jusqu’à présent peu tenu compte des élections fédérales.
Si l’on retrace l’évolution du DAX depuis sa création, à l’exception peut-être des élections des années 80, on observe que celui-ci n’a guère de vie propre. La performance montre peu d’écarts par rapport au MSCI Europe et au MSCI World trois mois avant et après une élection. L’économie, la politique monétaire et la situation générale sur les marchés internationaux des capitaux devraient continuer à dominer à moyen et long terme.
Sur le plan international, il ne faut guère s’attendre à des répercussions majeures. Ce ne serait le cas que si une alliance modifiait la position géostratégique de l’Allemagne, par exemple, ce qui constituerait un signal négatif clair pour les marchés boursiers. Cette éventualité n’est pas à exclure, car tant le candidat du SPD, Olaf Scholz, que la candidate des Verts, Annalena Baerbock, ont laissé ouverte la possibilité d’une coalition avec le parti « Die Linke ». Ce dernier est favorable à ce que l’Allemagne quitte l’OTAN.
Climat
Le « climat » figure en tête des programmes de l’ensemble des partis. Sous le gouvernement d’Angela Merkel, l’accord de Paris sur le climat a vu le jour et le « Green Deal » de l’UE a été adopté. Par rapport à l’année de référence 1990, les émissions de CO2 de l’Allemagne ont été réduites de 37 %. L’intensité de CO2, c’est-à-dire les émissions de CO2 par unité de produit intérieur brut, a diminué d’un cinquième depuis 1960. L’Allemagne produit donc aujourd’hui cinq fois ce qu’elle produisait en 1960, avec la même quantité d’émissions de gaz à effet de serre.
Dans ce contexte, comment le prochain gouvernement traitera-t-il la question du climat ? Avec une part de marché mondiale de 14 % dans les technologies environnementales, l’Allemagne a une réelle chance de devenir le champion mondial des exportations en termes de neutralité climatique. Pour y parvenir, il faut toutefois que les conditions cadres pour les investissements soient bonnes.
Alors que la CDU et le SPD veulent s’en tenir au calendrier actuel, qui vise à atteindre la neutralité climatique en 2045, les Verts veulent atteindre cet objectif plus tôt. Chaque loi devrait être examinée quant à ses effets sur le changement climatique avant de pouvoir entrer en vigueur. Le nouveau ministère du climat qui doit être créé doit recevoir un droit de veto correspondant.
Alors que pour la CDU, le prix du CO2 est central pour atteindre l’objectif, le SPD et les Verts le considèrent comme un instrument parmi d’autres. La CDU souhaite un « système européen complet d’échange de quotas d’émission avec un prix uniforme et une connectivité mondiale ». Il apparaît ici clairement, entre autres, que les partis de l’Union misent fortement sur des solutions basées sur le marché, tandis que les deux autres partis souhaitent intervenir davantage dans le processus en termes de réglementation. Dans ce contexte, le candidat de l’Union Laschet insiste à plusieurs reprises sur le « site industriel neutre sur le plan climatique ».