par Vincent Manuel, Directeur des investissements chez Indosuez Wealth Management
Au moment de clôturer cette année 2021 riche autant de performances que de surprises, tournons-nous vers 2022 pour tenter d’en brosser le portrait à grands traits.
Une année de normalisation. Premièrement, car nous attendons un retour progressif à un taux d’inflation plus normal, qui prendra plus de temps que prévu ; ensuite retour à un fonctionnement plus fluide des chaînes d’approvisionnement. Et enfin un retour à une politique économique plus neutre, entre la fin du « quoi qu’il en coûte » et des perfusions monétaires.
Une année de modération. Des perspectives de croissance économique plus modestes, et des attentes de croissance de résultat davantage conformes aux moyennes de long terme. L’économie et les marchés financiers sont en train de changer de régime, passant ainsi de la reprise rapide (où toutes les classes d’actifs performent) à celle d’une trajectoire plus classique, avec une décorrélation qui devrait être plus marquée entre actions et obligations, dont le début d’année 2021 nous avait donné une première illustration.
Une année de différenciation. Parce qu’avec des perspectives de croissance des résultats plus modérées, les différences de performances entre secteurs et entre valeurs seront probablement marquées, et certainement au bénéfice des champions du pricing power, aux marges plus résilientes, et au bénéfice des leaders d’une disruption technologique qui semble s’accélérerchaque jour.
Une année de diversification. Un des risques souvent avancés sur le marché américain réside dans la forte concentration sur un nombre plus réduit de valeurs, traduction dans les indices boursiers du syndrome « winners take all ». Certains de ces acteurs ont d’ailleurs fait leur pic il y a plusieurs trimestres, et l’année boursière chinoise nous a montré qu’acheter les yeux fermés les plus grandes capitalisations de l’indice n’est pas forcément l’option préférable (notamment lorsque les fonda- mentaux ne sont plus au rendez-vous). Les investisseurs avisés sauront donc bien répartir leurs risques et les gérer activement.
S’il est encore temps pour nous d’évoquer nos souhaits pour l’année prochaine, après une année de performances des marchés très positives, il reste à espérer que les banques centrales sauront naviguer dans cet environnement de transition et sans erreur majeure de communication. À bien des égards 2022 ressemble à une ligne de crête entre risque inflationniste et risque sur la croissance. Espérons donc que 2022 ne rime pas avec déception et désillusion !