par Nicolas Forest, Responsable de la gestion obligataire chez CANDRIAM
La réunion de la banque centrale européenne était largement attendue après le pivot opéré en février et le début de la guerre en Ukraine.
Alors que les investisseurs espéraient un adoucissement du discours monétaire, la banque centrale a confirmé la fin progressive de son programme d’achat d’actif (quantitative easing).
Ainsi son programme APP diminuera progressivement jusqu’à 20 milliards d’achat par mois en juin et pourrait s’arrêter au troisième trimestre. Dans son statement, la BCE a aussi laissé la porte ouverte à une possible remontée des taux.
Exercice délicat donc pour Christine Lagarde alors que la banque centrale a révisé à la baisse ses anticipations de croissance en raison de la guerre tout en remontant ses prévisions d’inflation à 5.1% pour 2022, 2.1% pour 2023 et 1.9% en 2024. Il faut noter que la révision pour 2022 est l’une des plus élevée jamais vue.
La présidente de la BCE a aussi insisté sur la hausse des risques liés à l’instabilité des prix causés par la guerre et la crise énergétique actuelle. Il n’est pas surprenant que Christine Lagarde ait d’ailleurs précisé qu’il y avait différents points de vue autour de la table… manière diplomatique d’indiquer des divergences sur la politique à venir. La pression sera donc grande pour une normalisation monétaire si les chiffres d’inflation continuaient à être révisés à la hausse, notamment pour 2023 et 2024.
Dans ce contexte, les taux d’intérêt ont poursuivi leur remontée retrouvant des niveaux pré-guerre. La BCE semble plus que jamais pris entre deux feux ; une inflation qui dérape et une guerre aux portes de l’Europe.